Sapiens contre Sapiens, les méandres de l’évolution

Une des sommités du genre

Paléoanthropologue et professeur au Collège de France, Pascal Picq a été longtemps un disciple d’Yves Coppens. Il s’intéresse particulièrement à l’évolution de l’espèce humaine et des sociétés qui en découlent, tout en incorporant les apports des derniers progrès de la génétique. On sait par exemple que Chimpanzés, Gorilles, Bonobos et Hommes partagent l’essentiel de leurs gênes. Sapiens contre Sapiens est la suite de Premiers hommes (Flammarion, 2016) et prolonge certaines de ses hypothèses. Car à l’heure des extinctions de masse, du réchauffement climatique et de la naissance des Intelligences Artificielles, l’Homme n’est-il pas arrivé à un nouveau tournant ?

Le long chemin de l’évolution humaine

Avec beaucoup de pédagogie, Pascal Picq retrace l’histoire des différentes espèces humaines qui se sont succédées d’abord sur le continent africain, puis sur le continent eurasiatique. Il rappelle, fort justement, qu’il n’y a pas si longtemps à l’échelle géologique, trois espèces humaines se partageaient le monde : Néandertaliens en Europe, Denisoviens en Asie et Sapiens (nous) en Afrique.

Le génie des Sapiens est d’avoir su s’adapter aux différents climats et environnements. Mais aussi d’avoir été plus dynamiques démographiquement, quitte à s’hybrider avec d’autres espèces humaines. Les européens doivent ainsi aux Néandertaliens des gênes leur donnant une peau blanche, adaptée aux ultraviolets, des cheveux roux et… la schizophrénie. Sapiens a réussi à se disséminer sur toute la planète, profitant des variations du niveau des mers pour coloniser l’Australie, la Papouasie et l’Amérique. Il a réussi à s’imposer sur Terre, quitte à faire disparaître certains de ses rameaux génétiques au moment du néolithique. Et maintenant ?

Quel avenir ?

Sapiens a triomphé, réussissant à modeler son environnement. Notre espèce est cependant confrontée à plusieurs défis. Au niveau anthropologique, l’urbanisation croissante, l’émancipation des femmes (de moins en moins obligées d’enfanter une dizaine d’enfants), le vieillissement progressif de l’humanité sont des phénomènes de long terme dont on est loin d’avoir vu toutes les conséquences. La dégradation des écosystèmes, l’extinction de plusieurs espèces et les dégâts sur les organises humains liés à sa « technologie » (parlons de la dégradation de la qualité du sperme en Occident) n’ont également pas fini d’affecter une espèce capable au demeurant de développer l’intelligence artificielle (à son image ?).

Notre paléoanthropologue, qui se fait parfois philosophe, livre avec Sapiens contre Sapiensune réflexion fascinante et parfois effrayante.

Sylvain Bonnet

Pascal Picq, Sapiens contre Sapiens, Flammarion, novembre 2019, 320 pages, 22,50 eur

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