A côté de la plaque: redécouvrir Marc Behm
Un auteur perdu de vue
En son temps, Marc Behm a eu son succès en écrivant des polars décalés et délirants : citons La vierge de glace et bien sûr Mortelle randonnée, adapté au cinéma par Michel Audiard (et son fils Jacques) et bien sûr Claude Miller. Michel Serrault et Isabelle Adjani y étaient très bons. Les éditions Rivages rééditent A côté de la plaque dans la série « les iconiques de François Guérif », l’éditeur historique de la collection Rivages/Noir.
L’homme qui se rêvait mille vies
« Il se réveilla à quatre heures. Il n’arrivait pas à se rappeler qui avait écrit Jane Eyre. Charlotte ou Emily Brontë ? Et quel était le nom de famille d’Isabella ? Il ne s’en souvenait pas non plus. Ni de la date de la bataille d’Austerlitz. 1806 ? 1804 ?
De toute manière, la nuit était fichue. »

Patrick Nelson gère un garage et vit une vie plutôt tranquille. Il lit beaucoup et vit aussi beaucoup d’aventures… dans sa tête. Son quartier est secoué par plusieurs meurtres. Patrick Nelson, comme d’autres, se rend sur les lieux des crimes… et croise le regard de Jenny, une enquêtrice du LAPD. Pour ses beaux yeux, Nelson va tout faire pour attirer son attention, au point de se faire passer pour le Boucher, ce tueur en série qui sème les cadavres. Commence alors un récit étrange, nourri aussi des fantasmes de Patrick Nelson. Pour le meilleur et pour le pire.
Un roman à part et exaltant
A côté de la plaque est un récit à chausse-trappes, ancrée dans la psychologie complexe de Patrick Nelson. Marc Behm avait comme souci de sortir des sentiers battus et de ne jamais ennuyer son lecteur : pari tenu tellement les changements de ton empêchent le lecteur blasé et râleur de s’endormir. Et c’est tant mieux ! rééditer ce type de romans constitue une excellente initiative qu’on ne que saluer avec respect.
Sylvain Bonnet
Marc Behm, A côté de la plaque, traduit de l’anglais par Nathalie Godard, Rivages, février 2024, 240 pages, 8,90 euros