Sinope, l’illusion de la victoire
Après des albums consacrés à la bataille de Trafalgar où à celle du Jutland, le dessinateur belge Jean-Yves Delitte, membre du corps des peintres officiels de la Marine Royale de Belgique, a décidé de consacrer une histoire de la bataille de Sinope, qui ouvrit la guerre de Crimée. Il a choisi ici de confier le dessin à Sandro, connu pour avoir travaillé sur la série Le Gardien du feu aux éditions Soleil.
Le massacre de la flotte ottomane

Bloqué à Sébastopol, Piotr, lieutenant de la marine russe, est invectivé par un de ses hommes au sujet de la bataille de Sinope, survenue un an plus tôt. Piotr et son ami Dmitri avaient échappé à la chute de la forteresse de Saint-Nicolas. Dès leur arrivée dans une place forte russe, on les affecte à un navire, l’Ivanoz pour aller à Sébastopol. Leur navire manque de couler mais ils sont recueillis par une escadre russe qui a pour mission la destruction de la flotte ottomane de la mer noire. A Sinope, le français Jean Lafayette et l’anglais Charles Winsor sont effarés de l’état de la flotte ottomane, de la médiocrité de ses équipages et de la nullité de ses officiers. Ils tentent de les avertir lorsqu’ils voient pointer un navire russe à l’horizon, en vain.
La flotte du tsar ne fera qu’une bouchée des navires ottomans enfermés dans la rade de Sinope…
Une bataille exemplaire mais inutile
Le mérite de cette série est de peindre des évènements complètement oubliés aujourd’hui. Sinope est une victoire russe complète menée contre un adversaire inepte, grâce à l’efficacité des canons dit « Paixhans ». Mais c’est une victoire inutile, la Russie effrayant la France et l’Angleterre qui vont envoyer à leur tour des flottes en mer noire, l’objectif étant la libre circulation dans le détroit du Bosphore. La victoire russe déclenche la guerre de Crimée, qui sera gagnée par les franco-britanniques. C’est en tout cas un bon album que nous offrent Jean-Yves Delitte et Sandro.
Sylvain Bonnet
Jean-Yves Delitte & Sandro, Sinope, Glénat & Musée nationale de la Marine « les grandes batailles navales », avril 2025, 56 pages, 15,50 euros