Ce qui est arrivé à Wounded Knee, l’enquête inédite sur le dernier massacre des Indiens

Des Celtes aux indiens  

A l’origine spécialiste d’histoire celte, Laurent Olivier s’est fait connaître en publiant Nos ancêtres les germains, les archéologues au service du nazisme (Tallandier, 2012) et César contre Vercingétorix (Belin, 2019). Dans ces deux ouvrages, l’auteur avait à cœur de montrer comment l’histoire pouvait donner naissance à des légendes, des mythes et aussi être instrumentalisé à des fins idéologiques. Ici, il change complètement d’horizon et s’intéresse à la bataille de Wounded Knee en 1890 qui clôture, selon l’historiographie traditionnelle, les guerres indiennes menées par l’armée américaine.  

Une expédition qui tourne au massacre  

En fait, il n’y eut pas de bataille stricto sensu. L’armée américaine n’a à l’époque plus grand-chose à craindre des Indiens. Cependant en 1890, certains d’entre eux pratiquent la Ghost dance et la rumeur grandit qu’inspirés par les esprits, ils se préparent à une insurrection. La situation paraît inquiétante dans le Dakota du Sud, dans les réserves des Lakota, autrefois membre de l’empire Sioux. Les militaires américains veulent désarmer les hommes du chef Big Foot mais les choses tournent mal et, à la suite d’un quiproquo, les soldats ouvrent le feu. Les guerriers mais aussi les femmes et les enfants sont ainsi massacrés sauvagement. Un carnage. Laurent Olivier raconte cela avec minutie.

L’histoire travestie  

Wounded Knee est au minimum un crime de guerre que l’armée américaine va transformer en fait d’arme, décernant des médailles posthumes aux soldats tués (le plus souvent par des balles américaines). Et les Lakota ? Les quelques survivants se cachent… Il est remarquable de voir qu’à côté du récit officiel, une autre narration naît, parfois nourrie par des militaires eux-mêmes en désaccord violent avec l’action menée ce jour-là. Mais toutes les démarches officielles en faveur des Indiens échouent au Congrès, jusqu’à une époque récente. Laurent Olivier pose ensuite à la fin de l’ouvrage une question glaçante : Wounded Knee n’est-il pas une étape du génocide subie par les tribus indiennes ? Il accumule un certain nombre de faits, d’arguments qui ne font que souligner la singularité de ce qu’ont subi les Indiens. L’histoire de l’Amérique est faite de guerres sanglantes menées pour la conquête d’un continent dont on oublie souvent qu’il était déjà habité lors de l’arrivée des colons anglais.

Ce qui est arrivé à Wounded Knee de Laurent Olivier est un ouvrage capital sur un évènement encore trop méconnu en France, malgré l’immense succès du roman Enterre mon coeur à Wounded Knee de Dee Brown.      

Sylvain Bonnet  

Laurent Olivier, Ce qui est arrivé à Wounded Knee, Flammarion, mai 2021, 520 pages, 23,90 eur

Laisser un commentaire