Les Affreux, règlement de comptes

Jedidiah Ayres est ici un parfait inconnu. Fils de pasteur, il est devenu écrivain et Les Arènes ont déjà publié de lui Les Féroces en 2018. Les Affreux prend la direction d’une petite ville du Missouri et on peut dire sans problèmes qu’on va avoir affaire à un jeu de massacre.

Un petit coin d’enfer sur terre

« Il suffit à Chowder de regarder son ancien camarade empâté par l’âge avancer péniblement derrière lui pour qu’une pensée désagréable le frappe : je deviens vieux, merde.  Bug était dur en affaires et il comptait sur leur proximité. Chowder avait déjà eu de nombreuses propositions : de Little Rock, de Tulsa, de Louisville, travaille avec nous, laisse-nous profiter de ta position… Il les avait toutes refusées.

Et maintenant, c’était le tour de Memphis et de son envoyé spécial, Bug. »

Chowder Thompson est un gangster tranquille qui, derrière la façade d’un magasin de pêche, gère le trafic de drogue et la prostitution dans une petite ville du Missouri. Son coup de génie est d’avoir un deal avec Jimmy Mondale, le shérif du coin. Ce dernier en tire un bon bénéfice, utile pour gérer un divorce tumultueux. Lorsque sa fille Eileen débarque, Mondale ne sait pas quoi en penser. Un peu folle, Eileen s’est acoquinée avec Terry, un nul du coin qui, avec son pote Cal a trouvé un filon : faire chanter un télévangéliste secrètement homosexuel. Pourquoi pas ? Lorsque Mondale voit débarquer un procureur adjoint fouineur et ambitieux, il se doute que ce dernier veut mettre à jour sa relation illicite avec Chowder. Les choses prennent une tournure dramatique lorsque Eileen meurt dans un accident de voiture… Mondale est persuadé que Terry est responsable, sans savoir que c’est la fille de Chowder qui a provoqué la chose. Tout cela se terminera dans le sang.

Un polar sanglant de plus

Les Affreux… On ne peut pas dire que cela soit un mauvais roman. Ayres a bien construit son histoire, a le sens du rythme et les personnages sont consistants. On devine aussi un désir de l’auteur de régler certains comptes avec la ruralité sudiste. Mais le problème est qu’on a lu mieux sur ce type d’endroits. Jim Thompson déjà, qui n’avait pas son pareil pour peindre des rednecks. Et plus récemment Chris Offut  avec Les fils de Shifty. À côté de ces deux écrivains, Ayres ne joue pas dans la même catégorie. Il préfère tirer à boulets rouges et peindre des explosions de violence, comme beaucoup d’ailleurs. Cela peut plaire.

Sylvain Bonnet

Jedidiah Ayres, Les Affreux, traduit de l’anglais par Antoine Chainas, Les Arènes « EquinoX », octobre 2023, 334 pages, 20 euros

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