Le Débarquement, on a pas tout dit sur le 6 juin 1944

Collaborateur régulier de l’excellente revue Guerres et Histoire, auteur de La Course au Rhin (Economica, 2018) et coauteur de L’infographie de la seconde guerre mondiale (Perrin, 2018), Nicolas Aubin sort ces jours-ci un ouvrage intitulé Le Débarquement, commémoration du quatre-vingtième anniversaire oblige, dans la collection « Vérités et légendes » de Perrin. Car derrière les images d’Épinal, entretenues par des films comme Le jour le plus long ou Il faut sauver le soldat Ryan, il y a au fond bien des choses oubliées ou ignorées du grand public.

Un évènement qui en cache d’autres

Dans l’imaginaire collectif, le débarquement en Normandie signe la fin du IIIe Reich. En fait, cette défaite remonte à l’échec devant Moscou et l’entrée en guerre des États-Unis : leur potentiel économique est tel que l’Allemagne est condamnée. Un des mérites de l’ouvrage de Nicolas Aubin est d’ailleurs de démontrer dans un court chapitre que la Wehrmacht n’a pas beaucoup de possibilité de victoires le 6 juin : la stratégie de von Runstedt, consistant à laisser les alliés débarquer avant de les écraser, fait fi de leur supériorité numérique et matérielle. Quant à celle de Rommel – masser les unités Panzer à proximité des plages -, elle ne peut permettre que de gagner du temps. Si les allemands ont, grâce à la valeur de leurs soldats et de leurs sous-officiers, défendu jusqu’au bout le bocage, la Wehrmacht était de toute façon dépassée à long terme.

Des questions à trancher

La Résistance a-t-elle joué un rôle ? Mineur mais croissant. Les Britanniques et les canadiens ont-ils été mauvais ? Non, mais certains généraux ont démérité. On a beaucoup attaqué Montgomery, général desservi par son caractère (quid de Patton ?) mais Eisenhower ne s’est pas révélé plus brillant en tant que commandant en chef passé début septembre. Il reste qu’à Falaise les alliés ont manqué une nouvelle bataille de Stalingrad qui aurait précipité la fin de la guerre…Ce petit ouvrage par la taille se révèle très précieux. Recommandé pour les néophytes mais aussi les autres.

Sylvain Bonnet

Nicolas Aubin, Le Débarquement, Perrin collection « Vérités et légendes », mai 2024, 304 pages, 13 euros

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