Eclipse totale, le retour de Harry Hole

Le personnage fétiche de Nesbo

Et voici qu’arrive Eclipse totale, la nouvelle enquête d’Harry Hole, l’antihéros créé par Jo Nesbo dans L’homme chauve-souris, toujours en train de traquer les pires criminels possibles, souffrant de sa mélancolie et de son alcoolisme chronique. On l’avait laissé à la fin du Couteau veuf, ayant perdu Rakel tuée par… Son ancien collègue Bjorn qui avait découvert que son fils était en fait le fils d’Harry (quel homme). Qu’est-ce qui attend Hole maintenant ?

Hole obligé de replonger dans le bain

« Son verre à la main, Harry Hole écoutait le crépitement presque inaudible des glaçons qui fondaient. Sans boire. Il était fauché, au bout du chemin, et allait savourer sa boisson. Ses yeux s’attardèrent sur une photo derrière le bar. L’un de ses auteurs de prédilection quand il était jeune : Charles Bukowski, devant le Creatures. Ben lui avait indiqué qu’elle datait des années 1970. »

Harry Hole a trouvé refuge à L.A où il s’est entiché d’une vieille américaine, Lucille, endettée jusqu’au cou pour un projet de film qu’elle n’a pas pu mener jusqu’au bout. Ils se tiennent à carreau pour éviter les créanciers de Lucille. Hole est contacté par un détective privé travaillant pour Markus Roed, un très riche homme d’affaires norvégien mis en cause dans l’affaire de deux jeunes femmes tuées et retrouvées l’une sans cerveau et l’autre sans tête. Harry commence par refuser mais les créanciers retrouvent Lucille et menacent de la tuer. Comme elle ressemble à sa mère, Harry rappelle l’avocat de Roed et fixe son prix. De retour à Oslo, Hole commence son enquête, en parallèle de celle menée par la police, et donc par les équipes de Katrine Bratt, son amie, mère du petit Gert. Son fils. Plus il travaille, plus il se méfie de son employeur. Qui voit bientôt sa femme assassinée. Et Roed est arrêté. Pourtant Hole sent qu’il y a autre chose. Et il a raison. Quelque part, le tueur rôde. Prêt à tout pour se venger de Roed qui l’a martyrisé enfant…

Une recette usée ?

De fait, on est ravi de retrouver Hole, vieux complice de lecture. On ne s’ennuie jamais à la lecture d’Eclipse totale. On retrouve le ton taciturne de Hole, son fatalisme, son flair et ses tourments aussi. L’intrigue tourne autour d’un tueur en série : c’est toujours spectaculaire mais ça lasse un lecteur qui a peut-être trop lu ce genre d’histoires ailleurs. Si Nesbo doit écrire un nouveau volume des histoires d’Harry Hole, il devra se renouveler un peu.

Les amateurs, nombreux, adoreront pour l’essentiel ce roman.

Sylvain Bonnet

Jo Nesbo, Éclipse totale, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, Gallimard « Série noire », octobre 2023, 592 pages, 22 euros

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