« Lectio Letalis » le polar ésotérique de Laurent Philipparie

Officier de police et conseiller technique d’auteurs, Laurent Philipparie est d’abord un grand lecteur de romans policiers. Pour passer de l’autre côté, soutenu par Barbara Abel — gage de qualité s’il en est ! —, il s’est lancé dans un sujet difficile, celui d’un monde souterrain et sectaire, d’un secret terrible et un climat terrifiant dans la région bordelaise qu’il connaît bien. Beaucoup de promesses avant d’ouvrir Lectio Letalis, mais reste à voir si ce roman est vraiment un livre qui tue !

D’un côté Nils Tiéno, flic parisien un rien ombrageux, embarqué dans une enquête criminelle aux frontières du paranormal : des employés d’une maison d’édition meurent en lisant un manuscrit, puis l’éditeur s’enfuit et ne laisse qu’un immense mystère. De l’autre, Gabriel — comme le puissant archange proche de Dieu — Barrias, écorché vif, flic à Cenon (rive droite de Bordeaux) qui combat la petite criminalité locale, et qui tente de chasser ses vieux démons.

Le chemin de ces deux flics va se croiser autour de la figure d’une bien étrange jeune femme : Anna Jeanson, rescapée d’une secte qui fonde son emprise sur le monde à partir des travaux de l’alchimiste John Dee, s’est échappée, a tué son psychiatre, et semble lancée dans une course folle et macabre. Et si elle était elle-même la victime d’une machination incroyable, ourdie depuis plus de dix ans ? Et si elle était bien malgré elle le réceptacle d’un secret trop puissant et dangereux ? Les démons de Gabriel sont-ils ceux que chasse Nils à son tour ?

Tout cela s’inscrivait dans ce que la nature humaine avait de plus hideux à offrir. L’arborescence du Mal était résilient. Elle se divisait, se répandait partout, et repoussait sans cesse. On pouvait tailler les brindilles, parfois couper des branches, mais jamais s’attaquer au tronc, sous peine d’y perdre son âme… »

Quels secrets se cachent derrière cette double affaire ? et pourquoi aux sommets de la police nationale on a préféré cacher certains faits anciens ? Qui est ce tueur démoniaque qui hante Gabriel ? Comment fonctionne la secte et quels sont ses projets ? Les capacités de la secte sont incroyables mais parfaitement crédibles tant les informations sont distillées avec soin sur ses fondements et son histoire. L’arme, notamment, cet oiseau rare dressé pour tuer et qui fait de son maître un adversaire redoutable.

Lectio Letalis dispose avec beaucoup de savoir-faire les moments théoriques (sur le langage adamique, les fantasmes alchimiques, l’hypnose…) et les moments d’action très bien menés. C’est un polar parfaitement réussi, prenant de bout en bout.

Loïc Di Stefano

Laurent Philipparie, Lectio Letalis, Belfond, janvier 2019, 363 pages, 19,90 eur

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