L’Américain, la critique du super-héros par Loïc Guyon

Loïc Guyon s’est amusé à réaliser une critique acide de la culture contemporaine saturée de séries américaines. Le super-héros qu’il a imaginé n’est autre que The American. Son deuxième album cette fois-ci piloté en solo est une curiosité graphique recommandée.

Sauverez-vous le monde vous aussi ?

Enfin de compte je ne suis là que pour bosser et être une gentille copine, patiente et à l’écoute pendant que monsieur réalise son chef d’œuvre qui par ailleurs n’a toujours pas avancé d’une ligne ?!!

Francis et Claire forment un couple en perdition et ce n’est certainement pas la faute de Claire. Elle a de nombreux griefs à lui faire mais c’est le cadet des soucis de Francis. Il est très occupé, au chômage il n’a qu’un impératif, suivre sa série préférée et ensuite retrouver ses copains au bar pour refaire le match. La série en question n’est autre que l’Américain. Ce héros sans peurs et sans reproches se sort de toutes les situations avec brio et flegme. Oui, car tel James Bond qui a tous les méchants à ses trousses, il utilise ses supers pouvoirs et s’en sort à chaque fois indemne.

Mais l’incroyable va se passer, le super héros va sonner à sa porte et lui remettre une mallette. Francis doit la protéger coûte que coûte…

Roman graphique coloré

C’est tout d’abord une histoire humaine, qui met en évidence les ravages de l’abrutissement télévisuel. Non ce n’est pas qu’une auto critique des téléspectateurs qui passent leurs nuits sur leurs séries préférées. L’américanisation galopante avec l’ombre de Donald Trump plane au-dessus.

Ce qui fait la démesure de ce roman graphique est surtout le très beau travail de Loïc Guyon. 

C’est une histoire désopilante qu’on prend plaisir à parcourir même s’il n’y a pas vraiment de surprises. Le travail graphique quant à lui est pour le moins original. La couverture annonce la couleur, car il y a de la couleur ou du moins de saisissants contrastes. La vie de Francis et Claire est dévoilée sous des traits noirs et blancs dans un style que l’on pourrait caser entre le comics et la culture bd US indépendante. Mais dès qu’il s’agit du super héros, Loïc Guyon a utilisé du papier de couleur qui change à chaque épisode. Il passe de rouge à l’orange, du vert au bleu, les traits comme dessinés à la craie rendent réjouissant et pétillant chaque épisode de l’American. 

L’Américain de Loïc Guyon est une belle découverte et bravo à Sarbacane de laisser parler les jeunes artistes !

Xavier de La Verrie

Loïc Guyon, L’Américain, avril 2021, Sarbacane, 240 pages, 26 eur