L’Herbier philosophe, écouter le nom des plantes

Dans un très bel écrin, Agnès Domergue et Cécile Hudriser mêlent leurs talents pour produire un ouvrage aussi beau que sensible. Après leur premier livre en commun, La Balade de Koïshi, L’Herbier philosophe est aussi un doux voyage au sein de l’harmonie comme principe de beauté.

Sagesse de la question

Chaque court texte est une question, formelle ou non, qui joue sur les mots et sur le nom de la fleur. En regard, une grande et belle illustration dont le mélange des techniques offre une profondeur rare. Des jeux d’esprit a priori simples comme « Et si je te demande de ne penser à rien, à quoi penses-tu ? » (la pensée sauvage, ou viola tricolore). Des réflexions a priori plus profondes comme « Quels souvenirs as-tu de tes instants oubliés ? » (ne m’oubliez pas ou oreilles-de-souris, autres noms du myosotis). Ainsi, cherchant la légèreté ou la profondeur, dans l’immédiat ou dans le temps, les réflexions portent toujours.

Sagesse orientale

Œuvre élégamment japonisante, L’Herbier philosophe se présente à la fois comme une ode et une initiation à la beauté de la nature qui nous entoure. En se réappropriant la forme des koans, traditionnels mots d’esprits échangés entre un maître bouddhiste et son disciple, Agnès Domergue nous invite à (re)découvrir des plantes aux noms imagés (fleur de lune, oiseau de paradis, herbe aux fous…) sous leur aspect le plus poétique.  

Le travail sensible et précis de Cécile Hudrisier fait de cet herbier un beau livre que l’on laissera volontier ouvert, ses pages exposées et choisies selon l’humeur du jour. Car L’Herbier philosophe fait parti de ces livres qui peuvent aussi bien se lire tout d’un coup qu’une page à la fois.  

Loïc (et Agathe) Di Stefano

Agnès Domergue et Cécile Hudriser, L’Herbier philosophe, Grasset, septembre 2020, 64 pages, 18,50 eur

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