Cartel des Fraudes : Dix ans de fraudes sociales en France

On ne sait pas, en lisant Cartel des fraudes de Charles Prats, ce qui est le plus édifiant. L’ampleur de l’hémorragie qui laisse passer jusqu’à cinq milliards (!!!) par an, ou le fait que cela fait au moins dix ans (DIX ANS !) que les failles sont connues et que, pour des raisons dont il faudra que les dirigeants politiques répondent un jour ou l’autre, on a préféré taire et cacher.

Les principes de la fraude

Frauder, c’est agir par tromperie au détriment de la loi. C’est légalement répréhensible. C’est pourtant très simple à mettre en place. A partir d’un faux en écriture, de faux documents justifiants d’une vraie-fausse identité (et depuis le passage de Lionel Jospin au pouvoir les services établissent des droits sur la base de simples photocopies…), tout le monde a la possibilité d’escroquer l’état si soucieux qu’on lui fasse la nique et d’obtenir le précieux Numéro de référence d’identification (RIN).

Ce sésame obtenu, plus quelques faux encore (mais si simples à faire soi-même), vous voilà heureux détenteurs de droits ! A vous les allocations, les prestations, les versements abondants sans qu’aucune vérification n’intervienne. Des droits perçus du fait de statuts d’entrepreneurs en société fallacieusement immatriculées ? coup double ! A vous les frais de santé, les allocations pour un ou plusieurs enfants handicapés, etc. La France n’est pas avare, ses pilleurs ne sont pas limités par leurs choix : ils prennent tout…

Et quand vous êtes entré dans la machine, la machine vous garde et vous alimente. Il ne faudrait pas que l’on puisse croire que la machine est défaillante ! Les nombreuses tentatives de Charles Prats et ses collègues pour obtenir un renforcement des mesures de contrôle et une éviction des fraudeurs ont été si souvent repoussées du bout des doigts qu’on se demande si cette immense gabegie n’est pas un sabotage volontaire.

Cette fraude a-t-elle été systématiquement combattue dès lors qu’il a été établie que le terrorisme islamique en faisait une arme institutionnalisée et que ce sont les nombreuses prestations sociales escroquées à la France qui ont financé, pour une grande partie, les intégristes belges partis créer le djihâd en Syrie ? Même pas !

Un exemple de longévité exemplaire

Prenons un des plus étranges exemples du livre : la surpopulation de centenaires bénéficiaires vivant au Magreb. Le pourcentage est hors normes, mais l’appareil d’état semble ne pas trop vouloir contrôler, donc s’immiscer dans la gestion locale (principalement en Algérie) et, soucieux de montrer sa fermeté dans la lutte, signe des traités avec… le Danemark ou la Belgique. Car il y a comme un système mis en place pour délivrer, au dernier moment, le papier qui va faire cesser ces poursuites que, de toute façon, l’Etat français ne semble pas vouloir faire.

Il faudrait pour cela se fâcher avec les pays du Magreb, principaux pourvoyeurs de fraudeurs. Il faudrait des agents assermentés qui iraient contrôler, sur place : c’est bien trop compliqué. Ou alors laisser une entreprise spécialisée, qui a pu démontrer sur un panel douteux que le nombre de dossiers frauduleux était critique ? Mais non, il ne faut pas qu’un tiers s’en mêle…

Et quand la fraude est trop évidente, alors un rapide certificat de décès vient justifier que, nous avons le regret de vous apprendre, il y a quelques mois à peine… Ce qui éteint les poursuites, car pourquoi vérifier, il vient de mourir on vous dit ! Bon, bien sûr sa veuve va demander la pension de réversion, qu’on lui attribuera…

Une explication très claire

Charles Prats est un vrai spécialiste de la fraude, ayant été attachées aux Douanes, au Ministère de l’Economie aussi bien qu’aux diverses structures interministérielles ou non qui ont tenté d’œuvré pour que la fraude sociale soit enfin admise, reconnue, et traquée. Son écriture est limpide, ses démonstrations et ses arguments imparables, même par les « chasseurs » de fake-news drogués à la bien-pensante foi du déni. Et qu’il y ait deux fois plus d’assurés sociaux bénéficiaires que d’habitants, cela ne fait pas d’eux des fraudeurs, mais de vous de vils traqueurs de pauvres victimes d’un système violent…

Car il reste des adversaires, encore, à la révélation. Il ne faut pas harceler les pauvres dit-on. Et puis si ce sont en plus des musulmans ah non alors, vous n’êtes que des islamophobes haineux !

Pour des raisons électorales, ou parce qu’il ne fallait pas que l’incurie et l’impéritie des organismes attachés à la vérification des données, cela fait dix ans que le laisser-faire est la règle. Dix ans, à raison de plusieurs milliards d’euros par an ! Combien d’hôpitaux, de médiathèques, de services publics auraient-on pu créer avec ces sommes faramineuses ?

Il faut lire Cartel des fraudes. C’est un livre essentiel. Il faut s’en emparer, demander raison aux dirigeants. Car au final ce sont les citoyens honnêtes qui paieront pour les autres, et qui perdront les services auxquels ils ont droit parce que les caisses auront été vidées. Charles Prats s’associe à tous ses prédécesseurs et crie. Il crie depuis dix ans. Combien d’années faudra-t-il encore pour que cela cesse ?

Lecteurs de Cartel des fraudes, ce brûlot si nécessaire, réagissez. C’est de votre argent qu’il s’agit !

Loïc Di Stefano

Charles Prats, Cartel des Fraudes, Ring, septembre 2020, 314 pages, 18 eur

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