La Cagoule, un fascisme à la française. 1/3 – Bouc émissaire

Le suicide de l’homme politique français Roger Salengro (1880-1936), sali par la presse, pousse le ministre de l’intérieur Max Dormoy (1888-1941) à chercher un bouc émissaire. Sa tristesse et sa colère ne peuvent se satisfaire d’un suicide sans motivation externe. Il demande au commissaire Pierre Mondanel (1890-1986), l’une des légendes du Quai d’Orsay, de mener une mission secrète : trouver comment impliquer la droite dans le suicide de son ami. A partir de cette mission spéciale les trois auteurs de La Cagoule, un fascisme à la française se proposent d’explorer cette part sombre de l’histoire de France.

Dans les milieux interlopes : une galerie de portraits

Mondanel est trop connu pour avoir accès seul aux milieux du banditisme liés aux groupuscules de la droite la plus dure. Il retrouve l’ex-policier Pierre Bonny (1895-1944), un « ripoux » plus tard associé à la Carlingue… Et par lui remonte petit à petit la hiérarchie de cette droite qui veut faire un coup d’état et s’associe avec les gouvernements fascistes européens. La spécialité de la Cagoule est l’élimination d’opposant étrangers aux régimes de Franco ou de Mussolini contre des armes…

Parmi ceux que l’on croise dans ce premier tome, des seconds couteaux comme Maurice Juif , ancien camelot du roi et l’un des premiers à trahir, mais il sera assassiné avant d’être interrogé par le commissaire Mondanel. Quelqu’un jouerait-il double jeu ? Mais aussi quelques figures centrale, notamment Jean Filliol, le tueur de la Cagoule, véritable tueur psychopathe, qui finira paisiblement sa vie comme dirigeant de la filiale espagnole de Loreal (1).

La Cagoule

La série s’attaque à un immense iceberg. Le CSAR est l’organisation la plus active et la plus violente, qui reste arc-boutée sur les désespoirs du coup d’état anti-parlementaire raté de Février-1934. Aux personnages multiples et tous incroyables, entre le psychopathe et le grand patron, la Cagoule a un maillage international et secret vaste. C’est une officine du crime d’état. La vision que cet album en donne est, pour ce premier tome, assez juste et assez suggestive pour que le lecteur qui n’en connaîtrait pas l’histoire se laisse surprendre ! Quant aux autres (1), ils apprécieront le travail d’historiens fait sur ce sujet sensible.

Bouc émissaire est un premier tome qui tient toutes ses promesses. Il met en place tous les personnages et tous les enjeux. L’histoire est vraiment prenante, et on sent le commissaire coincé entre les empressements nerveux du ministre et le monde dans lequel il s’apprête à plonger. On attend la suite avec impatience !

Loïc Di Stefano

Vincent Brugeas, Emmanuel Herzet, Damour, La Cagoule, un fascisme à la française. 1/3 – Bouc émissaire, Glénat, octobre 2019, 64 pages, 14,95 eur.

L’album est suivi d’un très intéressant entretien avec les auteurs sur leurs motivations sur ce sujet particulier ainsi qu’une fiche des personnages principaux.

(1) Qui auraient lu Philippe Bourdrel ou Frédéric Freigneaux, par exemple.

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