La femme au manteau bleu de Deon Meyer

Un pilier du roman policier sud-africain

De Deon Meyer, auteur de polar venu de la lointaine Afrique du Sud, on peut dire qu’on a appris à l’aimer, avec des réserves. On l’a vu ainsi gagner le prix Mystère de la critique en 2004 pour Les Soldats de l’aube (Seuil, 2003) puis initier la série de romans consacré au policier Benny Griessel avec Le Pic du diable (Seuil, 2005) jusqu’à La Proie (Gallimard, 2020). On a ainsi affaire à des histoires solides, dures mais lestées d’une sentimentalité qui nuit à l’ensemble. Notons que La Femme au manteau bleu a été écrite avant La Proie, dernier roman traduit en France. Pour quel résultat ?  

Une femme tuée pour un tableau

Griessel se met à examiner la chambre. Elle est vaste et luxueuse. Côté nord, les rideaux tirés donnent sur un faux balcon, avec vue sur l’eau, les yachts et les appartements pour millionnaires du Waterfront de l’autre côté du quai. Deux fauteuils flanquent une table basse, le bureau et la chaise sont de style classique. Un énorme lit double – le service de couverture a été fait avec soin -, deux tables de chevet, un grand éclat plat.  

Une femme très ordonnée, juge Cupido. Il n’y a que du linge sale dans son bagage… 

Tandis que Benny Griessel se demande comment acheter la bague nécessaire pour proposer le mariage à sa dulcinée, le cadavre d’une femme, lavée à l’eau de javel pour effacer les empreintes, est retrouvée. On l’identifie : il s’agit d’Alicia Lewis, une américaine qui vit à Londres et venue au Cap dans un but mystérieux. L’affaire est confiée à Benny et à son collègue Vaughn Cupido. Ils se rendent compte rapidement que plein de choses sont louches, dont la motivation de Lewis à venir en Afrique du Sud.  

Les deux policiers songent d’abord à un tueur en série. Puis l’enquête les amène vers un ex-flic ripou devenu détective privé : Alice Lewis l’avait engagé pour des investigations. L’enquête finit par prendre un tour inattendu pour les amener autour d’un tableau disparu d’un des élèves de Rembrandt…  

Un polar sec et réussi  

Plus court et plus resserré que La proie, La Femme au manteau bleu est très réussi. L’intrigue révèle son lot de révélations et de surprises bien amenées par l’auteur. Et c’est très bien découpé côté narration. On en déduit que certains auteurs de polars gagneraient à faire plus court pour être plus efficaces. Vaste débat pour les amateurs.  

Sylvain Bonnet

Deon Meyer, La Femme au manteau bleu, traduit de l’afrikaans par Georges Lory, Gallimard, « Série noire », août 2021, 192 pages, 14 eur

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