La Finlande dans la seconde guerre mondiale, une histoire méconnue

Professeur d’histoire à Turku en Finlande, Louis Clerc propose ici un ouvrage sur un aspect aujourd’hui méconnu dans l’histoire de la seconde guerre mondiale, celui du rôle de la Finlande. Et on va vite voir que cette histoire n’est pas sans résonance avec notre actualité, comme l’indique Jean Lopez dans sa préface.

Une nation agressée

La Finlande a longtemps fait partie de la Suède avant que l’Empire russe d’Alexandre Ier ne s’en empare. Mais il lui laisse une autonomie tant culturelle que politique à nulle autre pareille après la révolte de la Pologne en 1830. La chute du tsar et la révolution bolchevique fournissent à la Finlande l’occasion de prendre son indépendance et aussi de se doter d’un régime démocratique et parlementaire. Reste un contentieux territorial avec l’URSS en Carélie qui fournit un prétexte à Staline, fort du pacte germano-soviétique, pour envahir la Finlande (tout parallèle avec la guerre russe contre l’Ukraine est justifié). Or c’est un échec : l’armée rouge, désorganisée par les purges, n’arrive pas à vaincre des combattants finlandais motivés, suscitant beaucoup de sympathie dans les pays occidentaux. Il faut mobiliser du côté russe des ressources considérables pour vaincre la Finlande et annexer des territoires jugés vitaux.

Le choix d’une autre guerre

Mais la Finlande, avec son armée commandée par le maréchal Mannerheim, ronge son frein. La défaite de la France a fait de l’Allemagne nazie la puissance hégémonique du continent européen. La démocratie finlandaise choisit donc de se rallier à Hitler, sans signer d’alliance, et intervient donc dans le nord de l’URSS lors du déclenchement de l’opération Barbarossa. Si la Finlande ne s’aligne pas idéologiquement sur le IIIe Reich, elle participe à l’effort de guerre. Si les juifs finlandais ne sont pas inquiétés (et certains combattent face à l’armée rouge), elle laisse huit juifs étrangers être livrés aux nazis : ils mourront gazés. Les finlandais dosent cependant leur effort, refusant par exemple de s’engager vers Leningrad. Cela n’empêchera pas l’armée rouge de lancer une offensive, victorieuse, en 1944.

Les débuts de la « finlandisation »

Ce pays a la chance d’être en périphérie de l’Europe et de ne pas être doté de ressources naturelles stratégiques. Après avoir obtenu que la Finlande combatte les troupes allemandes sur son sol en 1945, impressionné aussi par la combativité des soldats finlandais, Staline choisit d’être plutôt accommodant. Le traité de paix de Paris en 1947 et le traité d’amitié de 1948 fondent la neutralité du pays. Faibles, les communistes finlandais ne sont pas en mesure de gagner les élections et Staline, finalement, laisse la Finlande à sa démocratie parlementaire. C’est tout un équilibre qui se met en place avec l’URSS, puis la Russie, que Poutine a démantelé avec l’annexion de la Crimée puis la guerre de 2022 : aujourd’hui, la Finlande a rejoint l’OTAN. Staline doit en remuer dans sa tombe…

Excellent ouvrage écrit avec clarté et sobriété.

Sylvain Bonnet

Louis Clerc, La Finlande dans la seconde guerre mondiale, préface de Jean Lopez, Perrin, mai 2023, 384 pages, 23,50 euros

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