Les morts d’avril d’Alan Parks, sur le fil du rasoir

Un auteur écossais qu’on suit

On connaît Alan Parks, auteur écossais de romans noirs (comme Ian Rankin ou William McIlvanney, les fameux maîtres du « tartan noir ») depuis la parution de Janvier noir (Rivages, 2017) où il manifestait son ambition de raconter l’histoire de l’Écosse des années 70 à travers les enquêtes d’Harry McCoy, policier très compétent, tourmenté par son enfance et ami avec le truand Steve Cooper. Dans la série, Bobby Mars Forever a remporté le prix Mystère de la critique 2023, à raison selon nous. Les morts d’avril, volume suivant, continue sur la lancée, pourrait-on dire.

Attentats et disparition

« McCoy s’arrêta dehors, devant le cabinet, et alluma une cigarette. Ses vêtements sentaient encore la fumée de l’appartement. À trente-deux ans, il se retrouvait avec un ulcère ? Il croyait que c’était réservé aux vieux et aux gros, ces trucs-là. Un homme sortit du magasin de vins et spiritueux d’en face, les bras chargés d’un sac plastique où tintaient des bouteilles, il se mit à courir pour prendre le bus. Une chose était sûre : il n’était pas question que McCoy arrête le tabac et l’alcool, ce n’était même pas envisageable. »

Et voilà McCoy embarrassé par des problèmes de santé, au moment où son équipier Wattie vient de devenir père. Mais le calme ne règne pas à Glasgow où une bombe artisanale explose. McCoy, de plus en plus sensible au sang, manque de gerber sur la scène de crime. Il rencontre un certain Andrew Stewart, retraité de la marine américaine qui recherche son fils Donny, aussi dans la marine américaine. Or Donny était sur les lieux de l’explosion mais reste introuvable… McCoy promet de le retrouver mais d’autres explosions retentissent. Est-ce lié à l’IRA ? McCoy doit aussi s’occuper de son ami Cooper qui sort de prison et devient pote comme cochon avec Andrew Stewart. Son enquête va l’amener à s’intéresser à une ex-star de cinéma et à son frère, un militaire qui aime s’entourer de jeunes hommes… McCoy va suer sur cette affaire.

Voilà du noir !

Un crime sordide, des attentats, une société en crise, un flic au fil du rasoir : bienvenue dans un roman noir, écrit au scalpel ! Alan Parks excelle à nous peindre cette Écosse du passé, celle de son enfance, qui peu à peu sombre dans la crise économique qui secoue le Royaume-Uni sans compter les dégâts collatéraux de la fin de l’empire colonial et bien sûr les échos des « évènements » en Irlande du Nord. Les morts d’avril sont un régal pour l’amateur. On en redemande ici.

Sylvain Bonnet

Alan Parks, Les morts d’avril, traduit de l’anglais par Olivier Deparis, Rivages, mars 2023, 448 pages, 23,50 euros

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