Le pape et la matriarche, Rome et Jérusalem
On connaît Michaël Darmon surtout comme journaliste sur TF1, Europe 1 ou France 2, moins comme historien. C’est pourtant son ambition avec Le Pape et la matriarche, livre consacré à la rencontre entre le pape Paul VI et la première ministre d’Israël Golda Meir le 16 janvier 1973 au Vatican. Plus généralement, c’est la relation entre le Vatican et Israël qui le fascine.
Une rencontre qui aurait pu ne pas avoir lieu
Rappelons que c’est lors d’une audience privée que Paul VI rencontra Golda Meir, le Vatican n’ayant pas alors reconnu l’état hébreu. C’est l’aboutissement côté catholique d’un long processus, le concile Vatican II ayant rompu avec la thématique du peuple déicide et Paul VI était venu en Terre sainte en 1964. Côté israélien, Meir vient chercher une forme de reconnaissance avec une puissance qui la fascine et l’impressionne, tout en ayant en mémoire le drame multiséculaire des persécutions antijuives en pays chrétien. Et cette rencontre aurait pu in fine ne pas avoir lieu… car un attentat était programmé par l’organisation palestinienne Septembre noir ! Il fut déjoué in extremis par le Mossad.
Une relation forte
Paul VI, donc, reçoit Golda Meir qui lui demande quand il reconnaîtra l’état d’Israël. Il répondra que le temps n’est pas encore venu… et c’est Jean-Paul II, premier pape à visiter d’ailleurs la synagogue de Rome, qui le fera, accédant à la demande de Shamir, l’homme de droite qui alla, cédant à la pression américaine, à la conférence de paix de Madrid de 1990. Le récit de l’entretien de l’émissaire israélien, Avi Pazner, avec Jean-Paul II est irrésistible tant ce pape charismatique sait ici se montrer fin et malicieux.
C’est une histoire passionnante, forte, dense que nous conte Michaël Darmon dans Le Pape et la matriarche.
Sylvain Bonnet
Michaël Darmon, Le Pape et la matriarche, Passés composés, avril 2024, 216 pages, 19 euros