Le jour où Kennedy n’est pas mort, un thriller uchronique

Auteur à succès

R.J. Ellory est ce qu’on appelle un maître du page-turner, du Best-seller, ancré dans le thriller ou le polar. De Papillon de nuit (Sonatine, 2015) aux Anges de New York (Sonatine, 2012) en passant par Le Chant de l’assassin (Sonatine, 2019), l’homme a marqué les esprits et a conquis de nombreux lecteurs, accrocs à ses récits. Les éditions Sonatine publient ici Le Jour où Kennedy n’est pas mort, un livre mariant (ou voulant marier) polar et uchronie : quelle ambition !

Des gens ordinaires broyés par l’histoire

Peut-être partageons-nous la même crainte : arpenter la terre invisible, inconnu, anonyme, oublié.

Cette pensée — soudaine et inattendue — survint au milieu d’autres sans rapport. Mitch Newman fixa le bourbon dans son verre et le médita. Était-ce une réflexion qu’il avait entendue quelque part où pensait-il réellement ça ? 

Été 1964, voici l’histoire de Jean Boyd, reporter au Washington tribune, retrouvée suicidée… Mais s’est-elle vraiment suicidée ? Son ex-fiancé, Mitch, est appelé au secours par sa mère. Bouleversé par sa mort, il entreprend de reprendre l’enquête qu’elle menait sur Kennedy qui l’a mené à Dallas en novembre 1963. Il se rend là-bas, obtient que le policier qui a renseigné Jean, Shaw, lui donne un coup de main. Jean s’intéressait à Hillary, une jeune cow-girl dont elle avait noté le nom sur une liste.

Mitch ne le sait pas mais sur cette liste figure les « régulières » de Jack Kennedy, le président des États-Unis. Un président mal en point dans les sondages, sur qui courent les plus folles rumeurs et une accusation de bourrage des urnes en 1960. Son équipe, menée par son frère Bobby, resserre les rangs pour préparer la convention démocrate et est prête à tout pour éviter les scandales. Et Lee Harvey Oswald rôde…

Ellory toujours efficace

Marier uchronie et polar, irrationnel et rationnel, demande un certain doigté. Surtout lorsqu’on approche l’histoire en général et l’assassinat de J.F .K en particulier. Ellory s’est d’abord documenté sur l’époque, les acteurs. Ensuite, il créée une ambiance très particulière où les personnages sont à la recherche d’une rédemption impossible (ils sont forts pour s’inventer des fautes). Kennedy enfin : Ellory livre ici un traitement iconoclaste du « mythe », malgré son engagement pour les droits civiques, peint ici comme un jouisseur, un manipulateur (ce qu’il était d’après les témoignages) et aussi un homme malade. Au final, son entourage le trahit… et je n’irai pas plus loin.

Le jour où Kennedy n’est pas mort est un bon thriller, idéal pour notre été si particulier.

Sylvain Bonnet

R.J. Ellory, Le Jour où Kennedy n’est pas mort, traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau, Sonatine, juin 2020, 432 pages, 22 eur

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