Steve McQueen, l’envers de la gloire

Le destin joue parfois de drôles de tours. Il y a quelques jours disparaissait Sean Connery, surnommé « l’homme le plus sexy du monde ». Or, il y a quarante ans (le 7 novembre 1980) disparaissait Steve McQueen, surnommé lui aussi, à son époque, « l’homme le plus sexy du monde ». 

Sa mort fut précédée de moments assez sordides durant lesquels les journaux décortiquèrent son traitement contre le cancer, multipliant les photos d’un homme malade, amaigri, à bout de force. La notion de « mort dans la dignité » n’avait alors pas court et même Paris Match osa publier un cliché du cadavre de Steve.

la cool attitude

Je connais bien la carrière de Steve McQueen puisque je lui ai consacré mon deuxième livre, quatre ans après sa mort. Il a vraiment imposé la cool attitude, bien plus qu’un James Dean ou un Marlon Brando aux jeux toujours torturés. Steve a ouvert la porte à des acteurs comme James Coburn, Charles Bronson ou même James Garner (et, plus tard, Jeff Goldblum). Une façon de se comporter aux antipodes des Charlton Heston et autres Yul Brynner. Un véritable vent de fraîcheur qui correspondait en plein au renouveau des années 60. Il n’est qu’à revoir La Grande Évasion pour comprendre ce qu’est une façon de jouer décontractée sans jamais être forcée.

Des 7 mercenaires à La Tour infernale, le parcours de Steve McQueen est jonché de films efficaces : Le Kid de Cincinnati, L’Affaire Thomas Crown, Guet-apens, Papillon… Sans oublier l’incroyable Bullitt qui reste une date dans l’histoire du polar d’action américain. On peut presque dire que la cascade automobile fut inventée dans Bullitt. A cette liste s’ajoute, bien entendu, la légendaire série Au nom de la loi avec un cow-boy plus authentique que ceux proposés par le petit écran (le seul à oser parler d’argent !).

La biographie d’un foutu caractère

Quarante ans plus tard, donc, Bertrand Tessier nous propose une biographie de Steve McQueen. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne s’agit pas d’une œuvre dévote faisant de cet acteur un demi-dieu. Bien au contraire.

L’auteur s’intéresse relativement peu à sa carrière cinématographique et préfère axer son propos ailleurs : le foutu caractère de McQueen qui provoqua une ribambelle de clashs, ses rapports avec les femmes (dont ses deux premières épouses Neile Adams et Ali Mac Graw) et sa dangereuse passion pour les sports mécaniques. Sans oublier, en arrière-plan, son addiction à la marijuana. 

En partant dans de telles directions, on évite le côté glamour, sans pour autant basculer dans le sordide. Le but n’est pas de rendre Steve McQueen sympathique mais de dresser un certain portrait. C’est un point de vue parfaitement assumé par Tessier, annoncé dès le sous-titre de l’ouvrage. Ce faisant, on laisse sur le côté quelques partenaires féminines de Steve, qui n’ont même pas droit à une ligne.

Cela reste une biographie bien structurée qui démarre de son enfance difficile (père absent, mère volage) pour se terminer, bien des millions de dollars plus tard, par une fin de vie douloureuse. Steve McQueen était un insatiable, toujours en quête de nouveaux défis et de nouvelles montagnes à grimper. N’oublions pas qu’il fut le number one et l’acteur le mieux payé de son époque. Marlon Brando fit figure d’amateur, comparé aux cachets réclamés par McQueen. 

Une icône décontractée

Autrefois, je concluais mon livre par cette interrogation : « De la star qu’il était, de manière aveuglante, Steve deviendra peut-être un mythe comme quelques rares autres. » Je ne crois pas qu’il ait tout à fait atteint le rang de mythe mais il est sans nul doute une icône. Ses photos le montrant décontractés sont partout et servent encore à de nombreuses publicités. Il est devenu la référence absolue de désinvolture. Ne perdant jamais une once de sa classe, même en jean et en t-shirt. Alors,  pour en savoir plus sur ce que cachait ce sourire à se faire pâmer les femmes et ses yeux bleus à faire fondre une banquise, le livre de Bertrand Tessier tombe à pic. 

L’ouvrage comporte quelques « étourderies » indignes d’un auteur de cette trempe : Faye Dunaway se retrouve affublée d’un « e » final inutile (pp. 120/121) et le cinéaste John Sturges devient subitement James Sturges (p. 138). Cela aurait fait sourire Steve !

Philippe Durant

Bertrand Tessier, Steve McQueen, l’envers de la gloire, L’Archipel, octobre 2020, 249 pages, 19 eur

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