Mille saisons 1 : La géante et le naufrageur de Léo Henry

Un auteur singulier

Amateur de jeu de rôle (il écrit des scénarii), auteur notamment de La panse (Gallimard, 2017) et de Thecel (Gallimard, 2020), Léo Henry a reçu le Grand prix de l’imaginaire en 2010 pour la nouvelle Les Trois livres qu’Absalon Nathan n’écrira jamais, publié dans le recueil Retour sur l’Horizon. On lui doit également Hildegarde où il nous racontait le destin singulier d’une abbesse. La géante et le naufrageur est le premier volume du cycle des « Mille Saisons » basé sur un feuilleton que l’auteur a d’abord écrit pour ses enfants, ancré dans le genre de la Fantasy. Et maintenant en route pour l’Archimonde !

Un duo détonnant

Patito est un jeune garçon vivant de rapines sur l’île de Grouille quand il rencontre Syzigie, une géante littéralement tombée d’on ne sait où :

« Il s’ébroua. Patito avait l’habitude de prendre des coups : cette fois c’était surtout la surprise qui le sonnait. Assis sur son bord de route, il regarda avec stupeur la géante s’extirper du remblai de neige, s’extrayant de la gangue de glace comme elle sortirait d’un lit moelleux, s’étirer en baillant, puis se gratter pensivement un coin de panse révélé par la chemise évadée du bénard. Elle faisait deux fois la taille du gamin, pour trois à quatre fois son poids, et cinq à six fois son âge. »

Contre toute attente, les deux êtres se prennent d’amitié l’un pour l’autre. Surtout que Patito en profite pour régler des comptes avec son ancienne bande, peu désireuse de se battre avec une géante. Les voilà bientôt partis de l’île de Grouille vers le continent, avec d’autres derrière eux. Syzigie va rencontrer un succès inespéré grâce… à sa voix enchanteresse et Patito… Disons qu’il va apprendre à vivre car ce petit malin a un destin étrange qui l’attend. L’aventure c’est l’aventure !

Un roman étrange

La géante et le naufrageur est un objet fascinant. On y sent l’amour de Léo Henry pour la littérature « feuilletonesque » pleine de péripéties en tout genre. Et, cher lecteur, on ne s’ennuie pas du tout en lisant ce roman, conçu pour les enfants, les ados, les adultes, les vieux : tout le monde donc. Tant de générosité narrative et aussi stylistique (car Léo Henry travaille son style, employant d’ailleurs des mots oubliés) ne peut que satisfaire l’amateur de Fantasy subtile. Et les autres peuvent aussi essayer, ça ne coûte rien.

Sylvain Bonnet

Léo Henry, La géante et le naufrageur – Mille saisons 1, illustration de couverture de Stéphane Perger et carte de Philippe Gady, Le Bélial, juin 2023, 416 pages, 23,90 euros

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