Dracula, la sublime version de Georges Bess
Dracula est né de l’imagination de Bram Stoker (1847-1912), dans un roman épistolaire publié en 1897. Et puis il y a connu, depuis, de très nombreuses adaptations. Fidèles dans l’esprit ou complètement barrées. Dracula apparaît comme personnage aussi bien dans des films d’horreur que des films pornographiques. Disney en a même fait un personnage débile… Et encore tout récemment en série TV Netflix. Mais quand le grand dessinateur français Georges Bess s’attaque au chef-d’œuvre de la littérature gothique, cela donne un Dracula qui fera date car il est immensément moderne, graphiquement envoutant et en tout point respectueux de l’original !
Dracula, le monstre des Carpates
Parti dans les confins des Carpates faire signer à un comte fortuné des actes de propriétés pour ses résidences londoniennes, Jonathan Hacker est prisonnier d’un immense château en ruines. Son hôte, qu’il ne voit que la nuit, lui glace le sang, mais il mène sa mission à son terme. Mais quand il veut partir, des succubes le retiennent… Le comte, quant à lui, a quitté la Transylvanie où il effrayait la population et vogue, à l’abri d’un cercueil, vers l’Angleterre.
Dracula exerce sa méphitique influence dès son arrivée. Il « séduit » la belle Lucy, mais ne s’attendait sans doute pas à tomber sur un groupe d’amis qui vont se montrer de féroces adversaires. Parmi eux le professeur Van Helsing, érudit curieux des mythes anciens. Il est le premier à comprendre la vérité de la menace. Et c’est lui qui va mener la lutte.
Symboliquement, les gentlemen s’opposent au monstre. Et la civilisation combat les noirceurs antiques. Et ils vont le pourchasser jusqu’en sa fuite sur ses terres, où il deviendrait intouchable.
L’art de Georges Bess
Dans un univers où le noir domine, il faut beaucoup d’art pour faire jaillir la lumière. Et il en faut autant pour creuser encore cette profondeur. C’est ce que réalise si bellement Georges Bess dans son Dracula. Entre les pages chargées et les pages claires, le trait dessine en plein ou en creux. Si bien qu’au lieu d’être étouffant, voire illisible, c’est simplement beau. le lecteur passe du temps sur chaque planche pour en admirer aussi bien le ciselé que l’intelligence de sa construction. Les personnages sont riches de détails et d’expressivité. Et cette manière tout particulière de ne pas finir un trait, de tisser le décor dans l’inachevé, donne en outre du mouvement à la page assez bluffant.
Le Dracula de Georges Bess est un chef-d’oeuvre.
Loïc Di Stefano
Georges Bess, Dracula, d’après le roman de Bram Stoker, Glénat, 208 pages, 25,50 eur