La France catholique, un état des lieux

Alors que les extrémistes de la laïcités se battent, comme en 1900, contre les signes ostentatoires de la religion dans la société (la moindre croix…), oubliant que « la République est laïque, mais la France est chrétienne » (Charles de Gaulle), l’essayiste et historien Jean Sévillia s’appuyant sur des statistiques et des données comptables, ainsi que sur sa propre enquête, dresse avec La France catholique un état des lieux de la chrétienté en France à l’aube du XXIe siècle.

 

La France, toujours fille aînée de l’église ?

Cela fait plus de 2000 ans que la France est façonnée dans son histoire et sa géographie par la religion catholique. Ses jours fériés, ses principales fêtes, ses paysages clairsemés de clochers et de calvaires, le nom de ses villes et de ses villages, jusqu’à son humanisme même.

Mais depuis les années 60, la France se déchristianise, dans ses pratiques quotidiennes et dans le nombre de ses fidèles. Les diocèses manquent de curé, de fonds, de vocations ! Et, autre métamorphose, la France des villes riches prend le pas sur la France des campagnes. Le catholicisme a perdu son statut de religion populaire pour devenir la religion des « beaux quartiers » et des traditionalistes, de la France d’avant… C’est du moins ainsi qu’on tente de la stigmatiser et d’en réduire la vigueur réelle à quelque soubresauts d’arrière-garde.

Pourtant les catholiques sont toujours nombreux, et près de la moitié de la population française se réclame encore de ses traditions et héritages, même si 10 % seulement se disent actifs. Cette déchristianisation est évolutive et pas irrémédiable, même si les chiffres sont partout à la baisse (depuis le nombre de néo-baptisés à celui des ventes de livres religieux).

 

Une communauté jeune et active

Parce qu’elle se sent attaquée non pas dans ses fondements ni son intégrité ontologique mais dans son héritage même, que la France catholique sort petit à petit de sa réserve et se montre. L’activisme de certaines associations (La Manif pour tous ou Les Veilleurs par exemple, ou Civitas pour les plus extrêmes) contrebalance à peine le silence des médias qui préfèrent toujours évoquer les faits et gestes de l’Islam ou du Judaïsme (comme acteur ou victime) plutôt que de rappeler ce que la France doit aux catholiques ou que c’est la religion la plus attaquées (cimetières et églises profanées, représentants insultés, activistes Femen protégées par les tribunaux, etc.) et la moins défendue par les hommes politiques, qui craignent la stigmatisations par les sur-laïcards.

 

Jean Sévillia détaille aussi comment les chrétiens pensent le monde contemporain, comment ils communiquent et quels sont, en dehors de La Croix, les organes qui représentent leur pensée. Qui sont les intellectuels importants pour la communauté ? comment les catholiques utilisent-ils les nouveaux médias ? Quel est l’impact des pèlerinages ? de quoi le retour des processions sont-elles le signe ?

 

 

Jean Sévillia ne semble pas avoir su convaincre la communauté catholique de France qui a assez vivement réagi à la parution initiale de son essai (Michel Lafon, 2015), le jugeant fort trop manichéen et lui reprochant parois d’avoir surtout expliqué « son » catholicisme. Qu’importe, il propose là une photographie panoramique très riche de cette France qui est attaquée de toute part (par la pression de l’Islam aussi bien que par les absolutistes d’une laïcité mal comprise). Son essai enjoint surtout les catholiques à se lever, à devenir une force presque missionnaire en terre de France comme elle l’a été si longtemps de part le monde.

La France catholique est comme une longue prière à se compter, à prendre conscience de son importance dans la société française et à se réveiller  !

 

Loïc Di Stefano

 

Jean Sévillia, La France catholique, Perrin, « tempus », octobre 2017, 150 pages, 7 euros

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