Libre comme une déesse grecque, une relecture féministe de la mythologie

Agrégée de lettres classiques, Laure de Chantal a écrit plusieurs ouvrages de vulgarisation, dont A la table des anciens (Les Belles Lettres, 2007) et Les neuf Vies de Sappho (Stock, 2023). Avec Libre comme une déesse grecque, repris ici en poche dans la collection « Champs » des éditions Flammarion, elle se fixe comme but de relire l’histoire des déesses grecques. Pourquoi pas ?

Des femmes puissantes ?

Il faut dire d’abord souligner que les sociétés grecques antiques ont cantonné les femmes à la maison et aux tâches domestiques. Quand elles prenaient la forme d’une démocratie, aucune femme ne pouvait participer aux assemblées et donc voter. Or, Laure de Chantal essaie ici de démontrer que leurs mythes peignent au contraire des images très positives de femmes. Ainsi on découvre ici combien Circé est une magicienne puissante, amante d’un Ulysse en quête du retour à Ithaque… et qu’elle laisse partir. On voit une Gaïa s’émanciper de son mari ou les déesses Athéna et Artémis incarner des femmes fortes, résistant à leurs homologues masculins. Et si Zeus est infidèle à Héra, il craint aussi ses colères…

Contradiction grecque ?

Il est vrai que cet essai invite à réfléchir car les mythes sont souvent révélateurs des civilisations qui les ont engendrés. Ces déesses, ces princesses dont Homère et d’autres se sont emparés sont des modèles de femmes fortes pour des sociétés machistes. La cité d’Athènes a ainsi préféré la protection de la déesse Athéna à celle de Poséidon. Si ces récits sont ici relus dans une perspective plutôt féministe, on peut s’interroger sur ces grecs et leur comportement vis-à-vis de leurs femmes : au fond ces machos étaient-ils des féministes qui s’ignoraient ? Vaste sujet. En tout voici un livre amusant et qui fait réfléchir.

Sylvain Bonnet

Laure de Chantal, Libre comme une déesse grecque, Flammarion « Champs », mai 2024, 256 pages, 9 euros

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