Le Cri de l’aurore, les mots de l’amour


Le roman épistolaire est un genre littéraire classique, qui a acquis ses lettres de noblesse dans la littérature française, de Laclos à Montherlant, avec un égal bonheur. Hoai Huong Nguyen s’y essaie à son tour avec Le Cri de l’aurore, titre singulier qui annonce d’emblée la couleur poétique de son texte. 

Ces lettres sont celles qu’échangent une jeune femme, Isez, et son mari Thanh, ce dernier en prison pour d’obscures raisons politiques. Des lettres soigneusement cachées, et adressées dans le plus grand secret, tant le régime de ce pays d’Orient est dur, soumis à l’autorité d’un roi tyrannique, et de ses militaires. Mais ni la condamnation de Thanh, ni la crainte de ne plus se voir, n’oblitèrent l’espoir des deux signataires, de plus en plus proches par les mots. 

A cette correspondance vibrante d’amour et de tendresse, s’ajoutent d’autres lettres, d’amis, de complices, de parents, écrites dans cette même langue magnifique, d’une sensibilité et d’un lyrisme souvent émouvants. Et peu à peu, se trame le complot d’où sortira la liberté. Après bien des péripéties, et non sans un certain suspense, le livre se termine sur un long poème, hymne à la vie et à la beauté. 

Hoai Huong Nguyen est née en France de parents vietnamiens. Professeur et docteur ès lettres, elle est spécialiste de Paul Claudel et des poètes orientaux. Leur influence est ici révélée au grand jour. Le Cri de l’aurore est son troisième roman, après L’Ombre douce, très beau livre, et Sous le ciel qui brûle, récompensé de plusieurs prix. 

Didier Ters

Hoai Huong Nguyen, Le Cri de l’aurore, Viviane Hamy, février 2019, 230 pages, 18 eur

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