No Zone, un monde de cendres

C’est un monde effroyable que décrit Bruno Gay dans No zone. Un monde de cendres, d’arbres calcinés, de désolation et de mort, après une explosion atomique qui a ravagé tout un territoire, quelque part du côté de l’Ukraine….  Deux équipes, l’une de scientifiques, l’autre de soldats, s’engagent dans cet environnement funèbre, la première pour regarder, analyser, collecter, ce qui reste de vie, après et malgré les radiations, la seconde pour protéger et encadrer la première. Tous sont habillés de combinaisons spéciales, et savent que, peu ou prou, ils peuvent laisser leur peau dans cette invraisemblable expédition.

En quête de survivants sur « ces terres arides craquelées comme une peau de vieillard », ces hommes intrépides, mais peu rassurés rencontrent des créatures hallucinantes, des insectes gigantesques, les loups agressifs, et des monstres divers. Et très vite, au fur et à mesure de leur lente progression, une sourde menace plombe le moral de la troupe. Certains y perdent leur raison, et commencent à délirer ; d’autres attendent de supposées créatures infernales, comme on attend Godot. Sommes-nous encore sur terre ?

Bruno Gay excelle à décrire un ailleurs angoissant, dans cette apocalypse à la Jérôme Bosch, qui ne nous épargne ni les mutants, ni les cadavres. La fin du livre n’est pas plus réjouissante, emballée dans un cynisme, qui laisserait entendre que le monde peaufiné et civilisé de la société ne vaut guère mieux que la jungle nucléarisée. La froideur du récit ajoute au caractère glaçant de l’histoire, dont on voudrait bien croire qu’elle n’est en rien prémonitoire. 

Bruno Gay est philosophe, garçon de café, amateur d’art, jardinier. Il est aussi écrivain, car pour un premier livre, il a frappé fort.  

Didier Ters

Bruno Gay, No zone, Editions Léo Scheer, février 2019, 110 pages, 17 eur

Laisser un commentaire