« Le Dernier Joyau des Romanov »

Et l’on reparle des Romanov ! On croyait que dernier tsar de Russie avait été froidement abattu par les communistes, avec toute sa famille, le 17 juillet 1918, à Ekaterinbourg. Après examen, ce n’est pas cela du tout. Le tsar et son épouse ont certes été tués, mais leur fils, et leurs quatre filles, dont la fameuse Anastasia, ont survécu, et on en retrouve la trace, sous des faux noms, aux quatre coins de l’Europe, des années plus tard. 

C’est du moins la thèse du Dernier joyau des Romanov , ou plutôt l’hypothèse, de Monique Dollin du Fresnel, universitaire bordelaise, historienne, bibliothécaire, professeur, et infatigable chercheuse, que les secrets de l’Histoire passionnent. Ses biographies du pape gascon Clément V, du pyrénéiste Henry Russell, ou de Pierre-Paul Riquet, lui ont valu des prix que justifient la qualité de ses travaux, et son ardente soif de romanesque.

Romanesque, c’est bien de cela qu’il s’agit. Le dernier joyau des Romanov est un des ces romans historiques, si prisés aujourd’hui, pleins d’intrigues et de rebondissements. Il démarre en 1914, à l’aube de la Grande Guerre, et se termine à la fin du siècle. Presque cent ans où l’auteur fait galoper Dimitri, son héros, de Saint Pétersbourg à Londres, en passant par Paris, Rome, Zurich ou Katyn, de sinistre mémoire. Le tout sur fond de guerres, de révolution, de disparitions… de réapparitions. L’histoire est aussi bien servie que la géographie.

Il faut dire que Camille, la généalogiste chargée d’ouvrir des archives interdites, de visiter des cimetières improbables, et de charmer des vieilles dames inattendues, apporte au récit une touche de modernité bienvenue. C’est un peu l’héroïne du livre, que l’on accompagne avec plaisir sur la trace de ce « joyau », qui n’est autre qu’un bijou inestimable. Et Monique Dollin du Fresnel a dû bien s’amuser en allant le chercher à Cracovie, en Toscane, au Vatican ou dans le Gers.

Ce voyage dans le temps, et dans l’espace, raconte aussi tout un siècle de drames et de rebondissements, à travers une intrigue rondement menée, où la réalité et la fiction se mêlent habilement, pour le plus grand plaisir du lecteur. 

Didier Ters

Monique Dollin du Fresnel, Le Dernier Joyau des Romanov, Editions Sud Ouest, 400 pages, 22 euros, sortie 2018

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