Le Dernier Lapon, adaptation réussie du roman

Les auteurs espagnols sont de plus en plus édités en France, pour notre grand bonheur. Notre dernière agréable découverte était Voir des Baleines de Javier de Isusi paru chez Rackham, un témoignage poignant de basques repentis mais emprisonnés. Dans cette même veine, voici Le Dernier lapon, roman graphique adapté à quatre mains du roman d’Olivier Truc.


Devrions-nous nous inquiéter de la disparition de civilisation au même titre de certains animaux en voie d’extinction. Ne sont-ils pas l’un comme l’autre l’histoire de notre planète ?

Ne leur laisser que des mausolées telle est la prémonition de cette histoire !

Un métier qu’aucun lapon n’a jamais fait. J’aurais voulu être chasseur de baleines »

Ce roman policier est une histoire hivernale pour ne pas dire glaciale, elle campe dans la nuit polaire de Suède et ce dans un environnement hostile à plusieurs titres.

Le vol d’un tambour qui parait sacré et plus grave le meurtre d’un homme. Deux délits qui paraissent anodins s’ils n’étaient liés à la civilisation des lapons.

Deux enquêteurs sont chargés de ces deux affaires. Klemet Nango lapon d’origine, Nina Nansen est une jeune équipière fraichement débarquée et pas vraiment coutumière des histoires locales d’un petit village isolé.

Guerre de religion qui s’ignore ?

Les tensions sont évidentes entre d’une part les lapons qui sont mis au banc de la société, leur seule place possible comme éleveur de rennes et d’autres part la civilisation chrétienne. Tout démarre de leurs croyances respectives et des ressentiments de l’envahisseur opposé aux chamans et à leurs rites ancestraux notamment les tambours chamaniques et leurs chants.

Mattis, éleveur de rennes est donc tué, les oreilles découpées selon le marquage traditionnel fait par les tribus sur les rennes. 

Le tambour sacré mis à l’abri en France pendant plusieurs décennies et volé dès son retour dans le village recèlerait les clefs pour identifier une mine qui attise toutes les convoitises.

Voici l’enquête qui devra être conduite par la curieusement nommée « Police des rennes ».

Rien ne sera simple pour Klemet, le policier lapon devant l’hostilité du shérif adjoint d’un côté, le mépris des villageois et surtout par de trop nombreuses personnes intéressées et impliquées. 

Réplique illustrée du livre 

Les auteurs ont adaptés et bien respectés l’œuvre d’Olivier Truc. Il est autant intéressant de se replonger en image dans la rudesse de la vie du XVIIe siècle que dans les us et coutumes de cette civilisation. Une enquête bien menée qui donne envie d’aller au bout de l’intrigue malgré quelques longueurs çà et là.

Un dessin à la fois naïf tout en rondeur et très agréable à la lecture, des tons gris/bleus qui rajoute au sentiment de rudesses des paysages et des hommes. 

Seul bémol, pourquoi l’auteur est-il allé leur dessiner des nez aussi improbables ?

Xavier de la Verrie

Javier Cosnava (scénariste), Toni Carbos (dessin), Le Dernier Lapon, adapté du roman d’Olivier Truc, Sarbacane, octobre 2018, 168 pages, 24 eur


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