Les Brûlures, polar complexe voire décomplexé

Zidrou est un scénariste dont le CV long comme deux fois mon bras. Après de multiples participations à de vastes sujets aussi éclectiques que l’histoire, l’assassinat, la maladie, l’humour ou encore le très remarqué Adoption, il signe avec Les Brûlures une histoire assez perturbante, mis à l’encre par Laurent Bonneau.

Les prostituées sont-elles les grandes oubliées ?

Deux inspecteurs de Police, Light & Nutella, se retrouvent à enquêter sur des meurtres de prostituées aussi sournois que pervers. Ces dernières sont retrouvées dans divers lieux après avoir subies d’atroces mutilations aussi cruelles qu’inexplicables.

Nous suivrons ces deux acolytes avec leurs surnoms sans équivoques, dans leur enquête qui les emmène sur les traces des femmes pourchassées dans cette station balnéaire française.

C’est quoi votre prénom ? … Venez nager ce soir et je vous le dirai ! »

Deux tempéraments qui se font face, dont l’un que nous accompagnons dans ce roman policier graphique, Nutella parait passer son temps libre à la piscine où il est subjugué par une nageuse dont il a du mal à se rapprocher en tout cas maladroitement et d’autres part il entretien aussi des conversations avec une barmen qui veut l’entrainer sur la plage. Cet homme parait tiraillé mais en tout cas attiré.

Malgré un troisième meurtre l’enquête devient tout à coup secondaire, la romance revient au centre de l’histoire et d’autres évènements inattendus mettent à mal l’enquête mais surtout les fondements des valeurs d’un policier qui se doit de ne pas subir de pression de quelconque part. Enfin la solution vient de là où on ne l’attend pas, c’est ce que Nutella découvrira.

Un dessin et une histoire énigmatique 

Une histoire qui transforme une triste actualité qui fait souvent parti de notre quotidien en soubresaut d’humanité. Le fin mot de l’histoire est laissé à votre imagination ce qui vous laissera peut-être un soupçon de frustration.

Un très beau travail de Laurent Bonneau avec un soin apporté par une sensibilité forte pour l’encre de chine en diverses traitements et coloris, choix délibéré car l’eau est bien le fil conducteur des histoires de ce roman graphique. On trouve un contraste saisissant entre les dessins des personnages réalisés à la volée pour mettre en avant la fugacité des témoignages et de la vie des personnages et d’autres part des fresques en pleine page pour soutenir l’intensité d’un paysage ou l’inquiétude et la désolation de certains passages.

Il a également incrusté des tissus wax pour colorer certains vêtements ce qui donne un effet étonnant de collage enfantin.

Xavier de la Verrie

Zidrou (Scénariste) & Laurent Bonneau (dessin), Les Brûlures, Grand Angle, mars 2019, 120 pages, 19,90 eur

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