Le Duc – chroniques de Caladan : l’univers de Dune revisité

Succéder à Frank Herbert

Depuis une vingtaine d’années, le fils du créateur de Dune, Brian Herbert (avec qui son père avait écrit L’homme des deux mondes) s’est associé à Kevin J. Anderson afin de reprendre et de terminer le cycle de Dune. Ils nous ont raconté ce qui s’est passé juste avant (La Maison Atréides, La maison Harkonnen, La maison Corrino), il y a très longtemps (La guerre des machines) et la fin du cycle (Les chasseurs de Dune, Le triomphe de Dune). Ici, ils ont décidé de s’intéresser aux parents de Paul, le futur messie, et le premier volume est donc consacré au Duc Leto.

Violences et conspirations

Avant Dune, les Atréides régnaient sur la planète Caladan et étaient un maison ducale prestigieuse… Et de deuxième ordre. Cela ne dérange pas au fond le duc Leto, ravi de gouverner son domaine selon son code d’honneur, ses valeurs. Il a de surcroit trouvé le bonheur auprès de sa concubine Jessica, envoyée par le Bene Gesserit, qui lui a donné un fils, Paul, qu’il adore. Leto se rend à l’inauguration du musée de l’Empereur Shaddam IV sur la planète Otorio. Mais un attentat terroriste manque d’emporter l’empereur et tue une grande partie des aristocrates présents… Sur Caladan, Jessica veille sur son fils :

« Quand la tempête frappa la côte, Jessica savait que Paul et Duncan étaient partis s’entraîner avec l’un des ornis-flyers – ces ornithoptères améliorés. Elle s’emmitoufla pour affronter la pluie et le vent froid, puis se hâta hors du Castel. Une demi-heure plus tôt, par une fenêtre, elle les avait vus décoller de l’aérodrome militaire et s’envoler vers le large, nullement découragés par le ciel qui pourtant s’assombrissait. Paul ne serait que trop heureux d’éprouver ses talents de pilote par mauvais temps. »

Le jeune Paul, qui rêve d’une belle brune aux traits d’Elfe, ne sait pas qu’une drogue est cultivée sur Caladan et sème la mort dans tout l’impérium. Il ne sait pas qu’une vieille femme du Bene Gesserit réclame le retour de Jessica, craignant une catastrophe menaçant leur programme de sélection génétique. Sans compter les manigances des Harkonnen…

Et ça marche

On pourrait objecter plein de bonnes raisons de ne pas lire Le Duc. Les deux auteurs racontent tout ce que Frank Herbert, par choix ou par manque de temps, n’a pas dit (Dune est plein de non-dits). Ici, ils nous fournissent un roman où l’amateur retrouve des figures connues : Leto, Jessica, Paul, Duncan mais aussi Gurney Halleck (qui pour moi aura toujours les traits de Patrick Stewart) ou le docteur Yueh. On se laisse prendre, c’est bien fait (il convient de le signaler) tellement les créations d’Herbert nous ont enthousiasmé. Et on lira la suite : est-ce un piège ? L’auteur de ces lignes adore trop l’univers de Dune pour trancher (même s’il s’agace ici et là).

Sylvain Bonnet

Brian Herbert & Kevin J. Anderson, Le Duc – chroniques de Caladan I, traduit de l’anglais par Frédérique Le Boucher, Robert Laffont, juin 2021, 468 pages, 21,90 euros

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