Le Peintre du dimanche de David Zaoui
Bien plus qu’un roman pour l’été, le livre qu’il me fallait
Je parle rarement de ma vie personnelle dans mes chroniques. Mais là il était inconcevable pour moi de replacer cette lecture dans le contexte, tant l’impact a été important pour moi.
A l’heure où mon père venait de nous quitter, je me trouvais dans un tel désespoir que je m’apprêtais à écouter l’intégrale de Diam’s jusqu’à ce que mort s’en suive (elle aurait été rapide, soit dit en passant), en m’abreuvant de villageoise achetée en promotion, j’étais en panne d’inspiration et d’envie de lire. Je me suis alors souvenue que, dans ma pile à lire débordante, se trouvait un roman d’un autre genre, Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris, écrit par David Zaoui, dont j’avais fait la connaissance sur notre fabuleux outil informatique au pouce bleu qui ne rapproche pas que les imbéciles. Ce dernier m’avait gentiment proposé son roman, qui attendait patiemment son tour parmi mes thrillers et autres polars.
Je m’y suis donc plongée. Et dès les premières pages, j’ai ri, oui, et de bon coeur… Je n’irai pas jusqu’à dire que ce roman m’a guérie de mon deuil, mais vraiment, il m’a aidée, c’était important pour moi de le dire. Il m’a permis de me recentrer sur des sentiments positifs et essentiels, il m’a sortie de mon environnement tragique l’espace d’une lecture, et c’est exactement ce dont j’avais besoin.
Ne sous estimez jamais le pouvoir de guérison de la lecture. Ni celui des écrivains qui vous transportent, quel que ce soit leur paysage.
Le fabuleux destin de David Zaoui
Né en 77 en banlieue parisienne, David Zaoui s’est tourné très tôt vers la réalisation de courts métrages, filmant à l’intérieur d’un caddie les gamins des quartiers avec lesquels il évoluait. Puis il s’est naturellement tourné vers le cinéma, en tant que producteur et réalisateur, notamment aux Etats-Unis.
Il a été nommé lauréat du festival du premier roman de Chambéry en 2018 avec son très apprécié Je suis un tueur humaniste.
Nous aurons le plaisir d’en découvrir un peu plus sur lui ainsi que sur ses projets dans l’entretien qu’il nous a gentiment accordé. David est une personne très solaire, et cet entretien fut un moment très agréable, plein de spontanéité et de sentiments positifs, à l’image de ses écrits.
L’originalité à l’état pur, une explosion de couleurs
Le Peintre du dimanche a précédemment été publié en grand format sous le titre Sois toi-même, les autres sont déjà pris (JC Lattès).
Alfredo Scali est un peintre non reconnu mais dont les tableaux sont pour le moins singuliers ! Ses œuvres représentent l’inconscient des animaux à travers leurs rêves. Sa collection comprend donc entre autres l’ours bipolaires et le crabe kleptomane.
Sa grand-mère étant atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle bénéficie de l’aide d’une femelle capucin, spécialement dressée pour aider les personnes diminuées à effectuer des tâches ménagères simples. Voici donc la surprenante Schmidt, malicieuse accro au beignets à la pistache, fan de Starsky mais allergique à Hutch ! Une vraie tornade rafraîchissante ! Alfredo est cependant contraint de récupérer le petit animal qui va lui réserver de nombreuses surprises, comme de se mettre à peindre lorsque son nouveau propriétaire partage des moments intimes avec une femme. Et ces toiles vont lui apporter un succès aussi inattendu que fulgurant.
Mais comment Alfredo va-t-il gérer cette situation ? Va-t-il décider de profiter du pauvre animal et d’usurper ce talent, ou dévoiler la vérité et passer pour un raté? Cela est sans compter le soutien indéfectible de ses parents, qui, à leur façon, n’auront de cesse d’encourager leur fils à réussir sa vie.
Les situations tantôt cocasses, tantôt touchantes, vont s’enchaîner sans discontinuer, avec du comique de répétition qui ne manquera pas de faire hurler de rire. Les « échanges » entre Alfredo et son conseiller Pôle emploi sont simplement magiques ! Le ton est léger, jamais larmoyant, on ne s’ennuie jamais, ce roman se lit d’une traite !
Une ode à la famille
Outre cette histoire très colorée, particulièrement divertissante et fraîche, se trouve un message plus profond. En effet, Le Peintre du dimanche fait vraiment réfléchir sur le sens de la vie, de la réussite. Il représente pour moi un hymne au lâcher prise, une ode à l’importance de la famille, et il est tombé à pic pour moi me trouvant à ce moment dans une période terriblement sombre, de plus en plein confinement. Sur fond d’humour, Alfredo et ses comparses soulèvent la question du bonheur et de l’accomplissement.
Le Peintre du dimanche est à déguster sans modération, comme un beignet à la pistache. J’ai recouvré mes esprit et ai renoncé à l’intégrale de Diam’s et la villageoise. J’espère qu’il en sera de même pour vous. Mieux qu’un rendez-vous chez le psy, et définitivement plus profitable que le conseiller pôle emploi d’Alfredo !
Minarii Le Fichant
David Zaoui, Le Peintre du dimanche, Le livre de poche, juin 2020, 288 pages, 7,40 eur