Octofight 1/3 Ô vieillesse ennemie

En 2050, la menace des vieux sur l’économie nationale a été réglée : l’euthanasie douce est devenue la règle. Entre ceux qui acceptent et aux qui disparaissent mystérieusement, Octifight nous propose de suivre le parcours de Nadège et de son mari Stéphane, radié de tous ses droits à cause de traces de nicotine retrouvées dans ses urines. Le monde d’après, c’est maintenant !

Gérontocide

La vieillesse est un naufrage, dit-on. Alors pour échapper à la mort douce, Nadège et Stéphane s’enfuient. Mais bien vite les voilà perdus : la société « big brother » est maintenant mûre à point et chaque individu est suivi, quoi qu’il fasse, où qu’il aille. Aussi, pour faire le plein ou n’importe quel achat de médicament, il faut s’identifier. Et comme ils sont naïfs, nos deux petits vieux vont vite se faire repérer, traquer… Une seule solution : disparaître.

Comme les banlieues sont devenues des zones de non-droits, c’est le lieu idéal. Mais voilà : tombés aux mains d’un caïd, ils doivent, pour survivre, entrer dans l’arène des octofight. Les combats à mort entre petits vieux sur lesquels des paris sont lancés. Mieux que les coqs ou les chiens, les combats de petits vieux, voilà la révolution ! Et Stéphane s’avère un combattant redoutable. Voilà un condamné à mort par la société qui doit se battre à mort pour survivre.

Une charge politique lourde

A travers cette histoire loufoque et drôle au possible, les auteurs ne se privent pas de frapper lourdement sur le système politique qui a permis cette situation. L’idée est de montrer comment, par des manipulations organisées étapes par étapes, on a pu pervertir la société à ce point. Et de montrer que ce serait possible…

Amusant aussi le monde archi-gaulliste où la référence au Général est un passage obligé, où seul résiste le K.C.S.D.F.D (Kommando Chrétien Social Démocrate François Bayrou) dont le slogan est « Le centre ou la mort ». Ô vieillesse ennemie est une caricature politique impayable, mais qui, comme toute bonne caricature, dit aussi le vrai !

Le premier tome d’Octofight, Ô vieillesse ennemie, est un pur régal. Drôle et intelligent, il dresse le portrait d’un monde plausible, aussi effrayant soit-il. On attend le suivant avec la dernière impatience !

Loïc Di Stefano

Nicolas Juncker (scénario) et Chico Pacheco (dessin), Octofight 1/3 Ô vieillesse ennemie, Glénat, « Treize étrange », juin 2020, 126 pages, 12,90 eur

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