Jerusalem’s Lot, de Bram Stoker au Salem de Stephen King
Le maître incontesté de l’horreur
A-t-on vraiment besoin de présenter Stephen King ? Allez, un bref résumé pour les néophytes ou ceux qui n’ont jamais eu l’occasion ni l’envie d’en savoir plus sur cet auteur.
Il est la cause de nombreuses insomnies et terreurs nocturnes chez ses lecteurs (et de ma coulrophobie, ma peur des clowns, spéciale dédicace à ma maman qui a cédé à mon caprice de vouloir lire Ça à 10 ans… il y a prescription, pas la peine de contacter les services sociaux…).
Né le 21 septembre 1947 à Portland (état du Maine, dans lequel se déroulent la majeure partie de ses intrigues et où son disciple français, Maxime Chattam, viendra écrire la plupart de ses romans), il est l’auteur de plus de 60 romans et de plus de 200 nouvelles, en son nom propre ainsi que son pseudonyme Richard Brachman.
A la suite d’un grave accident, il met en pause sa carrière d’écrivain, ne trouvant plus l’inspiration. Plusieurs addictions ont également contraint son épouse Tabitha à le conduire en cure afin de le sevrer. Il renouera plus tard avec l’écriture, et son talent intact, en témoignent les ventes et ses fans toujours accros.
Pour la première fois, il s’essaye à l’écriture à 4 mains, puisque son fils Owen a participé à l’écriture de Sleeping beauties (qui fera l’objet d’un article prochainement).
Une renommée qui dépasse le domaine littéraire
Non seulement on ne compte plus les différentes distinctions et prix littéraires qu’il a remportés (entre autres la prestigieuse National Medal of Art en 2015), mais de nombreux romans et nouvelles ont été portés au cinéma ainsi que sur le petit écran (La Ligne verte, Shining, Misery, Le Fléau, deux adaptations de Ça, les Tommyknockers, Carrie et Simetierre à deux reprises, etc.).
Pour certains il a même participé en partie ou intégralement à la réalisation des longs métrages.
Comment est né le projet Salem ?
Stephen King a été enseignant en littérature pendant quelques années dans un lycée. Il a constaté que le mythe de Dracula faisait toujours son effet sur ses élèves, il a fini par s’interroger sur ce qu’il se passerait si ce personnage venait à s’installer à l’époque contemporaine. Un premier roman nommé Second coming vit le jour, renommé Salem plus tardivement.
King s’est inspiré de comics de l’époque mais également des Contes de la cryptes qui faisaient fureur à ce moment.
Des théories ont été avancées selon lesquelles Salem faisait plus référence à la chute d’une civilisation plutôt qu’au mythe des vampires. Il est vrai qu’à la seconde lecture, le rapprochement est flagrant.
De ce roman, il a également été dit qu’il s’agissait de la meilleure version du mythe de Dracula qui bousculait la tradition du vampire décrit dans l’histoire originelle de Bran Stocker, ou d’autres publiées par Ann Rice etc.
Cette analyse n’en fait pas seulement un roman basique de vampires, mais tout un parallèle avec le contexte politique de l’époque, ce qui explique le succès immédiat de cette oeuvre.
Salem, connu pour ses sorcières, mais pas que….
L’histoire se déroule par un curieux hasard à Jerusalem’s Lot (surnommé Salem, inspiration de Lovecraft qui y fit figurer sa nouvelle La Maison de la sorcière ?) dans l’état du Maine, en 1970.
Ben Mears, écrivain, revient dans ce village où il a grandi et qu’il a quitté 24 ans auparavant, suite à une découverte traumatisante lors de l’exploration d’une maison, Marsten house, située sur les hauteurs.
Des évènements étranges et sordides vont se succéder. Un chien éventré est découvert accroché à la grille de la déchetterie, des habitants disparaissent, puis sont aperçus après le coucher du soleil mais sont devenus malfaisants.
Ben va devoir s’entourer d’alliés afin de combattre de puissantes forces inexorablement liées à Marsten house, mais il va également y trouver l’amour.
Va-t-il parvenir à éradiquer ce qui sommeillait dans cette ville? Ces forces anciennes ne demandent qu’à resurgir et sont prêtes à prendre d’assaut le village dans l’anonymat le plus complet.
Une référence dans son oeuvre globale
On reconnaît son style inimitable, cru, sans détour, et même si le sujet a été maintes et maintes fois traité en roman, BD, porté sur écran, il n’en reste pas moins que, sans perdre de vue que le roman date de 1975, la recette sauce King fonctionne à merveille.
Il décrit lui-même Salem comme l’un de ses meilleurs romans, et il a invariablement raison. On note la récurrence de l’écrivain comme personnage principal des écrits de King, ainsi que sa préférence pour les petites villes typiques de l’Amérique profonde (pour une fois il ne s’agit ni de Castle Rock ni de Derry).
Néanmoins, j’ai trouvé des longueurs, où les personnages sont lents, devant la menace grandissante à laquelle ils doivent faire face.
Avec Stephen King, on ne se sent pas plus en sécurité à la campagne qu’à la ville, et personnellement, je ne laisse toujours pas mon pied dépasser de la couette, même en plein été !
Minarii Le Fichant
Stephen King, Salem, Le Livre de poche, traduit de l’anglais (USA) par Christiane Thiollier et Joan Bernard, révisé et augmenté par Dominique Defert, février 2009 (édition originale 1975), 9,40 eur
Edition illustrée + 2 nouvelles sur Salem + des passages coupés par Stephen King mais qu’il a voulu présenter au public par la suite