Le Roman de Tristan et Iseut

Oyez bonnes gens la légende des amants malheureux

A Tintagel, au château du roi Marc, contemporain et voisin du roi Arthur, est recueilli le jeune Tristan, valeureux et noble comme jamais ne fut rencontré chevalier. Sa beauté seule égale son courage et sa fidélité. Quand trois félons vassaux agacent le roi de leurs turpitudes, Tristan va toujours droit et clair chemin. Si bien qu’après certaines aventures, c’est lui qui est mandé pour accompagner la belle Iseut, du royaume voisin, afin que Marc en fisse sa reine. Las ! Le filtre d’amour préparé pour être bu par Marc l’est par Tristan, et ainsi s’ouvre le chemin douloureux des amants les plus célèbres de l’histoire, Tristan et Iseut.

« Que de tortures amour leur aura causées ! »

La force de cette histoire est dans la capacité de résistance au filtre. Car aussi puissant soit-il, il ne peut ôter aux amants leurs vertus et leur noblesse morale. Aussi vivent-ils dès lors les aventures les plus difficiles à ceux qui s’aiment mais ne le peuvent pas. Chaque chapitre est une nouvelle épreuve, pour eux mais aussi pour le roi Marc. Chaque pas l’un vers l’autre est une chausse-trappe, et la pauvre Iseut subira maint affront ! Et le pauvre Tristan (dont le nom donné par sa mère signifie « triste »…) maint combat où prouver sa loyauté, sa bravoure, son honnêteté même.

La sorcellerie sera-t-elle plus puissante que l’amour courtois ? L’appel de la chair sera-t-il plus fort que le sentiment d’une extrême noblesse d’âme qui fait, aussi, la beauté des deux jeunes personnages, par ailleurs si tant plein de nombreuses qualités ? A quel degré de déclassement social (il s’agit d’une princesse et d’un chevalier) devront-ils choir pour trouver le repos et, peut-être, laisser le filtre agir pleinement ?

Le texte établi par Joseph Bédier est d’une grâce non pareille. Et bien, avant Corneille, Le Roman de Tristan et Iseut expose le conflit aporétique entre la passion et la raison, le dilemme entre l’amour et le respect des engagements moraux. Entre la bête et la civilisation. Un classique merveilleux, intemporel !

Loïc Di Stefano

Joseph Bédier, Le Roman de Tristan et Iseut, 10/18, juillet 2020, 187 pages, 6,10 eur

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