Le baron hanté, le mythe de Faust selon Sheridan Le Fanu

Une oeuvre qui a traversé les âges

Joseph Sheridan Le Fanu est un écrivain irlandais (1814-1873). Il est devenu un auteur majeur du récit fantastique grâce à Carmilla (1872), qui, 25 ans plus tard, inspirera Dracula à Bram Stoker. Publié en 1870, The Haunted Baronet est d’abord traduit par Le Hobereau maudit (1987). Il est réédité sous le titre Le Baron hanté (1990), version qui ressort sous la somptueuse couverture 10/18.

Un décor et une histoire figés 

Je n’ai jamais vu site plus original et plus beau que cette ravissante petite ville de Golden Friars. Elle se dresse sur le rivage de son lac, dominée par un amphithéâtre de montagnes toutes gercées de ravines et couleur de pourpre opulente.

Dans ce village stagne une légende sordide concernant le lac bordant la propriété reculée de la famille Mardykes. On ne comprend que beaucoup plus tard qu’il s’agit d’un meurtre par noyade d’une femme et de son enfant, dont l’auteur présumé serait le baron Jasper Mardykes. 

Une arrivée imprévue

Les villageois voient s’installer dans la demeure son descendant, le baron Bale Mardykes, accompagné de son valet Philip Feltram. La relation qui lie les deux hommes est très trouble. Il semblerait qu’ils soient parents, mais le baron se montre particulièrement odieux et méprisant envers le pauvre homme, à tel point que Mardykes se sert d’un prétexte de vol pour l’imputer à Feltram, et le limoge sans ménagement.

Feltram, innocent, est outré par cette injustice malgré ses bons et loyaux services. Il décide de quitter les lieux le soir même. Mais il est retrouvé noyé… et revient à la vie miraculeusement de nombreuses heures plus tard. Il n’est plus le même et prend l’ascendant sur son ancien maître, lui proposant une rencontre qui changerait le cours de la vie du baron, ruiné et incapable de refaire surface.

Le baron finit par se rendre à l’évidence. Alors il plonge dans un engrenage qui va en effet bouleverser sa vie, mais pas comme il l’escomptait.

Une atmosphère délicieusement gothique

Réinterprétation du mythe de Faust, les lieux et les personnages sont parfaitement dépeints (avec la poésie caractéristique de l’auteur), changeant au gré de l’évolution de l’histoire. Mais le rythme est tellement lent que l’ennui prend vite le dessus.

Ce rythme — typique des littératures gothiques — est pourtant volontairement imposé, forçant le lecteur à s’imprégner de l’ambiance lugubre des lieux. Mais pour ma part, la magie gothique dont je suis pourtant particulièrement friande est restée inefficace. 

C’est en effet sans grand regret que j’ai refermé Le Baron hanté après avoir découvert la fin non sans soulagement. Et malheureusement il ne fera pas partie de mes références littéraires fantastiques.

Minarii Le Fichant

Sheridan Le Fanu, Le Baron hanté, traduit de l’anglais (Irlande) par Alain Le Berre, 10/18, novembre 2019, 216 pages, 7,50 eur


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