« Le Sculpteur » de Scott McCloud

Internationalement reconnu comme théoricien de la bande dessinée, Scott McCloud prouve, avec Le Sculpteur, qu’il maîtrise aussi bien la pratique que la théorie et nous plonge dans une aventure onirique d’une rare qualité.

Plongeon dans l’histoire de l’histoire 

Le sculpteur, ouvrage édité en 2015, ressort avec une très belle mise en matière. Une trentaine de pages consacrées à des interviews, un cahier graphique, des planches inédites non conservées et de nombreuses études de couvertures.

On rencontre les modèles « vivants » mis en scènes pour créer les personnages principaux, tels son épouse Meg qui inspire l’un des deux personnages phares, son beau père qui devient l’Oncle Harry qui lui ouvre les portes du fantastique et d’autres amis.

Il est toujours passionnant de découvrir l’histoire d’une bande dessinée, partie consacrée de temps à autres dans les expositions de salons.

 

 

Le grand saut

Vous vous doutez évidemment qu’un sculpteur est au centre de l’histoire. David Smith. Il en existe des milliers à New York, mais celui-ci est torturé. L’inspiration n’est plus là il est cerné par ses créanciers, son propriétaire, l’angoisse devient un cercle vicieux dont il lui est impossible de s’extirper. Lui qui a été célébré dès sa jeunesse en tant  qu’artiste est en train de sombrer.

Malgré le soutien de ses proches amis, il ne trouve plus la ressource de se renouveler. Mais un événement surprenant va se produire, son propre oncle va lui proposer un pacte inimaginable. Il accède à un rêve chimérique, celui d’utiliser ses propres mains pour créer, les outils deviennent inutiles. Tel dieu pourrait en avoir le don, ses mains lui permettent de creuser, former, déformer, assembler la pierre qu’il touche.

La contre-partie est radicale : il perdra la vie dans 200 jours. Mais il accepte car il veut marquer le monde par son talent.

Le drame se produit, il fait la connaissance d’une jeune femme, qui comble et amoindrit les souffrances endurées ces dernières années, dont il tombe éperdument amoureux mais le compte à rebours est implacable.

 

 

Que deviendra leur amour ?

Tous les superlatifs ont déjà été exprimés

Cette œuvre immense de 450 pages n’a d’égal que par le génie et la vision de son auteur.

Comment exprimer mon plaisir à relire cette prodigieuse bd ? Un scénario diabolique, qui nous fait passer de l’angoisse à la joie ou de la terreur à l’espoir. 

Nous sommes étonnés par la puissance des sentiments procurés et l’aversion que l’on ressent de voir le personnage aller au devant d’une mort certaine et la refuser par moment.

Deux couleurs uniques le noir et le bleu pâle, l’auteur n’a pas souhaité alourdir la lecture en coloriant à l’excès, laisser place à l’histoire paraît être le seul souhait de Scott McCloud et ce pour notre plus grand éblouissement.

 

Xavier de la Verrie

 

Scott McCloud, Le Sculpteur, Rue de Sèvres, avril 2018, 486 pages, 25 euros

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