« Le Zoo » de Gin Phillips, pour l’amour d’un fils

Un jour comme les autres au zoo. Des familles en promenade, des animaux admirés, des enfants en joie. Mais au moment de la fermeture, Joan se trouve piégée à l’intérieur, avec Lincoln son fils chéri de quatre ans. Le zoo devient alors un huis-clos angoissant où il va juste falloir essayer de survivre trois petites heures, le temps que dure l’intrigue du roman de Gin Phillips, comme une éternité.

Des tueurs ont pris possession du zoo, après un carnage d’hommes et d’animaux, Joan et Lincoln se retrouvent seuls, coincés, à essayer de comprendre et de survivre. Il faut échapper aux hommes en armes sans forcément comprendre ce qu’ils veulent, le lecteur est focalisé sur la mère et son fils et les motivations externes apparaissent comme vraiment peu importantes. Les tueurs ne sont qu’une contingence absolue contraignant Joan à épuiser ses propres limites et à chercher dans le plus profond de son amour pour Lincoln les ressources à leur survie.

Si la première moitié du livre est un peu lente, tout s’accélère et au final Le Zoo est un polar qui se lit avec beaucoup de plaisir. Le temps s’écoule presque en temps réel, la lecture coïncidant avec les heures qui s’affichent en début de chaque chapitre. Le zoo se transforme, du lieu habituel de la joie et des familles à celui de la plus grande oppression. C’est d’ailleurs son seul intérêt narratif, l’histoire aurait pu aussi bien se passer ailleurs le côté animal n’apporte rien d’autre, sinon peut-être une métaphore filée sur la sauvagerie qui, finalement, serait plus humaine qu’animale…

Le Zoo est plus un roman sur l’amour absolu d’une mère pour son fils, et les limites morales qu’elle est prête à transgresser pour le protéger, qu’un polar à proprement parler. C’est un roman très convainquant et qui ne laisse pas indemne émotionnellement.

 

Loïc Di Stefano

 

Gin Phillips, Le Zoo, traduit de l’anglais (USA) par Dominique Haas, 10/18, septembre 2018, 288 pages, 7,50 euros

 

Le Zoo a obtenu le Prix Transfuge 2017 du meilleur polar étranger

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