Nuages baroques, de vieilles blessures
Un couple de nouveaux auteurs
On ne connaît pas de ce côté-ci des Alpes Antonio Paolacci et Paola Ronco et c’est normal : Nuages Baroques est leur premier roman, écrit à quatre mains comme il se doit. Il s’agit ici d’introduire le personnage, qui risque d’être récurrent, de Paolo Nigra et de rendre hommage à la ville de Gênes. Une belle entreprise !
Un meurtre plein de mystères
Le vent gonflé d’eau glacée soufflait sur les vagues d’une mer noire et ridée, battait la côte, balayait les pavés et les quais en ciment du port, frappait les murs des palais antiques et sifflait à travers les ruelles, faisant vibrer les cordes à linge et secouant les volets fermés.
Gênes de nos jours. Un homme fait son footing et tombe sur le corps inerte d’un jeune homme en train d’agoniser. Il essaie de le sauver, appelle la police mais il est trop tard. Il s’agit du jeune Andrea Pittaluga, un jeune homme élevé par son oncle après le départ de ses parents, trop impliqués dans le mouvement contre le G8 en 2001. L’enquête est confiée à Paolo Nigra, flic talentueux. Il est aussi en couple avec un acteur, Rocco, en train de tourner une série très importante. Vite, Nigra découvre qu’Andrea était gay, que son assassinat est en rapport avec des jeunes homophobes. Mais le mystère de la disparition de ses parents hante aussi ce dossier. Nigra va avoir du pain sur la planche.
Un polar efficace
Nuages baroques est un polar bien fait et dans l’air du temps. Bien fait parce que l’intrigue est travaillée, que l’énigme est bien amenée et que le personnage principal, flic intègre, le lâche à aucun moment son enquête. Les interrogatoires sont d’ailleurs bien écrits. C’est aussi un roman dans l’air du temps car le héros est gay, que les meurtriers sont clairement homophobes (avec possiblement un déni de leur propre homosexualité, c’est crédible) et qu’il s’inscrit dans un débat italien sur l’union civile. Pour autant, c’est une lecture agréable donc pourquoi pas ?
Sylvain Bonnet
Antonio Paolacci & Paola Ronco, Nuages baroques, traduit de l’italien par Sophie Bajard, Rivages, octobre 2022, 350 pages, 21 euros