David Bowie a life, un grand artiste ne meurt jamais

Un sujet en or

Difficile de résumer la vie de David Bowie tant il semble en avoir eu plusieurs ! c’est d’ailleurs en caméléon que bien des journalistes rock l’ont dépeint, voire en vampire pour sa capacité à assimiler les idées des autres, à les faire siennes. Bowie poseur, Bowie copieur ? Le journaliste anglais Dylan Jones, rédacteur en chef du magazine GQ, s’est attaqué dans David Bowie a Life à l’énigme Bowie sans se départir d’une certaine admiration. Et pourquoi pas ? L’homme était un séducteur et a su marquer plusieurs générations.

Avant Bowie, il y eut David Jones

Dylan Jones a organisé sa biographie en retranscrivant les témoignages de nombre de proches ou d’anciens proches de la future rock star. Le jeune David Jones est né dans une famille modeste de la banlieue de Londres. Sa mère lui témoignant peu d’affection, c’est vers son père et son demi-frère que le jeune garçon va se tourner. Terry, le demi-frère, va avoir une importance cruciale en lui faisant découvrir Londres et la musique, surtout le jazz. Le jeune David va cependant vite découvrir les faiblesses de ce grand frère qu’il adule : Terry est fragile et sombre peu à peu dans la folie. Si le futur Bowie lui consacrera nombre de chansons (The Bewlay brothers, Jump they say), il redoutera longtemps de finir comme lui. Le jeune Bowie a en tout cas vite décidé d’être une rock star mais le succès va se dérober… Jusqu’à Space Oddity qui en 1969 va le faire entrer dans le monde de la pop.

La folie du rock

On découvre au fil des pages un Bowie qui séduit hommes et femmes. Surtout les femmes à vrai dire qu’il collectionne par centaines. Il couche aussi avec des hommes qui sont des mentors (le mime Lindsay Kemp) ou des égaux (Jagger) et qui lui apportent des choses qu’il n’a pas encore. Bowie va se retrouver au cœur des 70’s, comme le racontent tous les témoignages. Mieux que ça, il est l’épicentre de cette décennie cruciale. Et il est clair qu’il sort de 1972 à 1983 des albums cruciaux et des chansons irrésistibles. Life on mars ? Ziggy Stardust, The Jean Genie, Diamond dogs, Fame, Stay, Rebel Rebel, Heroes, Ashes to Ashes : excusez du peu ! Pour autant, il tombe dans la cocaïne, multiplie les bad trips et ne doit qu’à une chance insolente de s’en sortir. Mieux que ça : il sublime dans ses albums ses addictions à la drogue et à l’alcool (et au sexe). En fait, Bowie est un écrivain qui a choisi la musique comme plume et il raconte mieux que personne la fin du XXe siècle.

Même les dieux peuvent mourir…

Ruiné par son manager, Bowie aborde les années 80 avec l’idée de décrocher la timbale. Ce sera Let’s dance, album funky et dance concocté par le grand sorcier du genre Nile Rodgers. Beaucoup de ses fans ne lui pardonneront jamais ce tube qui pourtant est plein de qualités. La suite sera moins rose… Bowie ressuscitera dans les années 90 avec Outside, album qui raconte la fin du siècle avec maestria. Marié et père d’une petite fille, il disparaît des écrans radars après un accident cardiaque en 2004. Sa semi-retraite intrigue, on le croit mourant. En 2013, il revient avec un album nostalgique et dispensable, The next day, avant de boucler la boucle avec Black star et de disparaître pour de bon d’un cancer…

Que reste-t-il de Bowie ? Un legs artistique immense, des chansons magnifiques et cette biographie kaléidoscopique le démontre bien. On regrette d’autant plus les soucis de typographie ou les mots oubliés, qui gênent la lecture. Ils seront certainement corrigés lors d’un prochain tirage.

A lire si on aime le rock et David Bowie.

Sylvain Bonnet

Dylan Jones, David Bowie a life, traduit de l’anglais par Holly Miller et Pascal Orts, Ring, janvier 2019, 745 pages, 23,50 eur

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