1964 : Les Beatles à Paris

Un concert de rock peut-il être un véritable événement historique ? Sans discours politique, sans révolution, simplement par l’apport d’une musique nouvelle, tant aimée et indémodable ? C’est ce qu’il s’est passé le 15 janvier 1964, à Paris, quand les Beatles sont entrés dans l’histoire. C’est cette folie des trois semaines d’un séjour méconnu que raconte l’album Les Beatles à Paris.

Here, there and everywhere

Alors que la France s’éprend de la génération yé-yé, que Johnny et Sylvie sont les stars, il suffira que les quatre garçon dans le vent entrent en scène pour tout effacer. Parfois, malgré eux, avec rudesse, notamment par le public qui siffle la première partie trop pressé de voir le groupe anglais. A-t-on connu pareille ferveur avant eux ? Oui, Elvis Presley, d’ailleurs modèle de John Lennon, a créé ce genre de folie. Mais le King n’est jamais venu chanter à Paris, ville où il est passé à trois reprises pendant son service militaire en Allemagne… L’hystérie du rock attendait donc l’objet du défouloir, et ce fut les Beatles !

Il y eut un pré-concert, un premier moment d’une folle intensité, à Versailles. Puis le mythique Olympia, deux concerts chaque jour d’une trentaine de minutes chacun, quarante fois, entre le 16 janvier et le 4 février 1964. Alors que les Beatles n’étaient au moment de l’engagement qu’un groupe sortant du lot de la scène anglais, il se classe premier des ventes aux Etats-Unis ! De phénomène local, puis européen, voici la beatlemania devenue mondiale. Et tout a lieu pendant leur séjour à Paris.

Now and then

Les Beatles à Paris est une vraie immersion graphique dans une époque à jamais inoubliable. L’essor du rock est plus qu’une révolution musicale, c’est une vraie culture qui va percoler la société toute entière. On y lit leur liberté, leur décontraction frôlant l’insouciance, l’amitié qui unit ces quatre jeunes musiciens, et la folie des moments de rencontre ou de composition. C’est aussi les dessous d’une légende, avec les producteurs et l’incontournable manager Brian Epstein, avec les photographes qui se bousculent et une panne générale d’électricité qui faillit virer au chaos… Et l’engouement ne prit pas immédiatement, car en plus des déboires personnels (panne d’inspiration des uns, retard faisant presque rater le concert d’un autre…), le public leur préfère Trini Lopez, chanteur et guitariste américain d’origine mexicaine… Les Beatles devront faire leurs preuves !

La passion des auteurs pour leur sujet nous emporte. Les Beatles à Paris est, en plus d’une découverte pour les non archi-spécialistes du groupe, un très bon moment de lecture, très documenté, juste dans l’esprit de l’époque et qui donne envie de se remettre un petit vinyle !

Loïc Di Stefano

Philippe et Vassilissa Thibault (scénario), Christopher (dessin), Degreff (couleur), Les Beatles à Paris, Robinson, mars 2024, 80 pages, 19,99 euros

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