Les grands cerfs de Gaétan Nocq, de la beauté de la nature sauvage

Du bleu dans les yeux  

Vous aurez certainement envie d’ouvrir ce roman graphique rien qu’en découvrant la couverture. Vous serez immédiatement époustouflés par le dessin de Gaétan Nocq. En adaptant le roman de Claudie Hunziger publié chez Grasset en 2019, ce dernier nous submerge d’émotions mais en profite aussi pour nous interroger sur la chasse et la nature.  

« Pas un cerf, une fois de plus. C’est pourtant un pré qu’ils fréquentent. Tiens… ça bouge…»  

L’aventure et l’émerveillement au cœur de la forêt  

Pamina a souhaité s’isoler du monde avec son ami Nils. C’est au cœur des montagnes des Vosges qu’ils se sont installés dans une ancienne métairie. Ils se retrouvent au cœur de l’hiver à braver la nature sauvage. Lors d’une sortie de Pamina, un cerf majestueux se dresse devant ses phares. Elle n’a ensuite plus qu’un objectif en tête : repérer et découvrir cette faune farouche qui ne se laisse pas approcher facilement. Grâce un photographe animalier, qui va guider ses premiers pas, sa patience finit par payer. Elle part désormais bien avant l’aurore pour guetter les traces, tenter de se fondre au cœur de la forêt pour mieux les surprendre.  

C’est une vraie quête, un vrai apprentissage pour appréhender les premières cornes et tenter de nommer ses découvertes. A l’affut ou au détour d’une lisière elle sera à chaque fois émerveillée de voir ces grands cerfs et leur cour se débattre sous ses yeux privilégiés. Mais la réalité la rattrape, les cerfs sont confrontés à la chasse. L’ONF les étudie, les compte et autorise les chasseurs à un nombre précis de bêtes à abattre.   Cette banalité la touche au plus profond et une question se pose : comment concilier dame nature et les calculs humains de l’industrie du bois ?  

La beauté s’affranchit de la cruauté  

Même si l’adaptation en roman graphique est somptueuse on ne peut que ressentir un arrière-goût amer. Non à cause de certains défauts d’adaptation, bien au contraire, car nous sommes en prise avec la nature aussi belle soit elle. Mais nous ressentons de la défiance vis-à-vis de la chasse et la cruauté qui en découle.  

Un récit intimiste tout en nuance de bleu  

Le bleu est ici synonyme d’évasion : Gaétan Nocq nous immerge dans un univers qui reflète la sagesse de l’homme quand celui se respecte. Cet album est un concentré d’abandon, ce dont nous avons toujours rêvé se déroule sous nos yeux ébahis. Au travers des yeux de Pamina nous rentrons à pas feutrés dans l’univers insondable de la puissance des cerfs. Peu les approchent, beaucoup d’entre nous rêveraient cette expérience, alors nous remercions Gaétan Nocq de donner l’envie de nous affranchir de nos peurs. De profiter du spectacle sans passer des nuits entières à patienter dans le froid dans l’espoir de profiter de ce majestueux théâtre.  

Nous vous recommandons bien sûr d’acheter et dévorer ce livre mais aussi  d’accompagner votre lecture du livre de Claudie Hunziger ou encore du très remarqué L’homme chevreuil de Geoffroy Delorme chez Les Arènes qui vient de sortir en édition illustrée avec les magnifiques photos de l’auteur.  

Xavier de La Verrie  

Gaétan Nocq, Les grands cerfs, Daniel Maghen, septembre 2021, 256 pages, 29€,  

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