Les Renaissances (1453-1559), la France des Valois

Voici un nouveau volume de la collection lancée par Joël Cornette chez Belin et publiée en poche chez Folio Histoire, consacrée aux Renaissances (le pluriel est volontaire) et dû à la plume de Philippe Hamon, professeur d’histoire moderne à l’université Rennes-II. Spécialiste des finances, on lui doit L’argent du Roi, les finances sous François Ier (CHEFF, 1994). Un mot ici sur le découpage chronologique : notre historien choisit de faire débuter sa période dès la fin de la guerre de cent ans, plus tôt donc que d’habitude, et de l’achever à la mort d’Henri II.

Le rattrapage et la croissance

Cela s’explique aisément : la fin de la guerre de cent ans marque la fin des basses eaux démographiques, le XIVe siècle étant marqué par la Peste noire qui, selon les régions, tue entre un tiers et quarante pour cent de la population, sans compter les ravages de la guerre. La démographie française repart donc à la hausse et l’économie également même si on reste, dans ce monde encore médiéval, loin d’une croissance uniforme.

Une monarchie puissante ?

Les rois Valois sont donc à la tête d’un royaume redevenu prospère. Ils en profitent pour développer l’appareil administratif de l’État, particulièrement dans le domaine de la Justice. Grâce à la Taille, le Roi de France a aussi des moyens financiers très importants. Les structures locales restent cependant fortes, pensons aux villes et à des pays récemment annexés comme la Bretagne qui conserve ses institutions. Reste que le Roi a désormais une armée permanente et que le pays ne subit plus d’invasions, même au plus fort du conflit avec Charles Quint en Provence, province bien défendue.

L’humanisme et la Réforme

La grande affaire des historiens de la période, c’est l’humanisme, venu d’Italie et qui devient une mode intellectuelle. On réapprend le grec et l’hébreu, on redécouvre des textes (songeons au De Rerum Natura de Lucrèce), on fait venir des savants italiens… mais le système éducatif change peu. La population reste dans sa majorité analphabète même si on note des progrès en ville. La réforme religieuse, d’abord celle de Luther puis ensuite celle de Calvin, fait des progrès, surtout dans les années 1550, au grand d’un roi très chrétien (pourtant allié à des princes allemands protestants). On est donc face à une société qui bouge lentement, à un pays en renaissance économique et politique, en pleine effloraison artistique.

Excellente synthèse.

Sylvain Bonnet

Philippe Hamon, Les renaissances (1453-1559), Gallimard Folio Histoire, novembre 2021, 736 pages, 12,60 euros

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