L’Éternité (suite et fin), après la mort

Auteur de romans noirs à succès parus à la Série noire puis chez Rivages (citons Après la guerre ou Traverser la nuit), Hervé Le Corre livre avec L’éternité (suite et fin) un texte qui sort complètement de son champ habituel : raconter la mort d’un homme et surtout ce qui se passe après, y compris pour… Son âme.

Mourir et après

« Quand il mourut, Louis Lorenzo pensait à autre chose. Aussi ne perçut-il pas tout de suite l’importance de ce qui survenait, et fut-il étonné de se sentir tomber en bousculant la table où ses mains avaient cherché appui vainement. »

Louis Lorenzo est donc rentré chez lui avec ses courses et s’effondre, foudroyé par une crise cardiaque. Il meurt seul… Et pourtant il est toujours là, son âme a quitté son corps mais non la vie. Il voit se corps petit à petit se dégrader, devenir l’hôte de mouches qui pondent leurs œufs à l’intérieur. Ne supportant pas ce spectacle, il part. Devient voyeur par exemple dans un magasin où les femmes viennent acheter leurs vêtements. Mais il ne peut plus les toucher bien sûr. Louis voit d’autres âmes comme lui et se demande combien de temps cet état dure : est-ce pour l’éternité ? Et quand son corps va-t-il être découvert ?

Un texte étonnant

Court roman, L’Éternité (suite et fin) est un texte déroutant pour le lecteur. La description du processus de décomposition est ainsi très éprouvante (et c’est pourtant ce qui nous attend tous). Hervé Le Corre avoue dans sa postface qu’il ne sait pas, même si un fait divers l’a inspiré, comment il a pu écrire cette histoire. Mais elle est là, prenante, émouvante aussi quand Louis Lorenzo se rappelle sa vie, sa femme déjà morte. Cela nous invite à réfléchir sur nous-mêmes et c’est beaucoup.

Sylvain Bonnet

Hervé Le Corre, L’éternité (suite et fin), Autrement, octobre 2022, 144 pages, 15 euros

Laisser un commentaire