Atlas militaire et stratégique de Bruno Tertrais, la montée des dangers
Voici la 2e édition d’un atlas qui, en ces temps marqués par la guerre en Ukraine, rappelle que la guerre et la paix structurent notre temps. C’est Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, qui le dirige avec une équipe de spécialistes. Saluons d’emblée la qualité des cartes, réalisés par Hugues Piolet.
Un environnement dangereux ?
Un constat s’impose en lisant cet atlas : contrairement à une idée reçue, le monde n’est pas moins sûr qu’il y a cinquante ans. On observe même une diminution du nombre de conflits interétatiques depuis la fin de la guerre froide même si l’éclatement de la guerre en Ukraine en février 2022 voit un conflit de haute intensité secouer l’Europe pour la première fois depuis 1945 : un changement majeur. En termes de prolifération nucléaire, malgré le problème nord-coréen, on ne peut pas dire qu’il y ait eu une explosion du nombre de pays disposant de la bombe : l’Afrique du Sud y a renoncé, la Biélorussie et l’Ukraine aussi à la fin de l’URSS (et les ukrainiens doivent bien le regretter)… Par contre, le terrorisme et les interventions qui y sont liées sont un fait nouveau dans l’histoire humaine.
Des nouveautés
La guerre change. Le développement de l’intelligence artificielle va entraîner beaucoup de changements, idem pour les nouvelles technologies (songeons aux drones utilisés massivement en Ukraine). Le fantassin du futur n’aura pas grand-chose à voir avec un poilu ! Bruno Tertrais se singularise en tout cas en observant que, pour le moment, il y a peu de conflits actuellement liés au réchauffement climatique ou aux sécheresses ou, encore, au manque d’eau. Attendons de voir… En tout cas très bonne synthèse sur des questions qui vont nous occuper dans les années à venir.
Sylvain Bonnet
Bruno Tertrais, Atlas militaire et stratégique, préface de Bruno Racine, éditions Autrement, avril 2023, 96 pages, 24 euros
