Le 14 juillet de Mirabeau, l’homme des débuts de la Révolution

Un des nouveaux spécialistes de la Révolution

Connu pour Quatre-vingt-quinze (CNRS, 2017) et un Danton et Robespierre très enlevé (Passés composés, 2021), Loris Chavanette, professeur à l’université catholique de Paris, a choisi ici de se pencher sur un évènement, la prise de la bastille en le reliant à la vie et au parcours d’un révolutionnaire très particulier, Mirabeau. Et il faut dire que ce dernier occupe une place un peu à part dans la galerie de portraits des révolutionnaires de 1789.

L’enfermé

Mirabeau a un peu plus de quarante ans quand il élu député du tiers état (bien que noble) mais est déjà connu. Sa réputation de libertin est plus que sulfureuse, il a connu la prison plusieurs fois avant d’échouer à Vincennes, à la demande de son père, pour avoir séduit et enlevé (avec son consentement) une femme mariée, Sophie, son grand amour. Or Mirabeau va perdre cette femme et leur fille (morte en bas âge, l’époque est difficile). Enfermé sur lettre de cachet, il va écrire beaucoup sur le système carcéral, judiciaire. Il va aussi écrire au roi, qui l’ignore. Au-delà de ses rapports conflictuels et compliqués avec son père (un physiocrate pourtant en partie acquis aux Lumières), Mirabeau a une revanche à prendre

L’homme qui donna les coups décisifs

Mirabeau en 1789, c’est un verbe et des idées qui sont autant de boulets lancés contre un Ancien Régime finissant mais dont personne ne penserait qu’il s’écroulerait aussi facilement. Mirabeau, c’est le verbe qui donne du courage aux autres députés tout en suscitant bien des jalousies. Il sait aussi s’entourer de personnes qui l’aident à rédiger, en partie ou totalement, ses discours. S’il n’est pas là physiquement le 14 juillet, il l’inspire. Et sa visite le 16, quand commence la démolition, a pour lui une saveur particulière. Lui qui a connu ce système carcéral voit sa destruction. Malheureusement, Mirabeau mourra deux ans plus tard, sans que ses conseils n’aident à stabiliser une Révolution française qui débouchera sur la Terreur.

Loris Chavanette signe avec Le 14 juillet de Mirabeau un excellent ouvrage, une occasion aussi de revenir sur le parcours de Mirabeau, un peu oublié de nos jours.

Sylvain Bonnet

Loris Chavanette, Le 14 juillet de Mirabeau, Tallandier, octobre 2023, 400 pages, 23,50 euros

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