Louis de Funès de A à Z
L’éternel Louis de Funès
Le récent confinement a permis de confirmer l’impact considérable de Louis de Funès sur les esprits fatigués. Les diffusions de ses films (notamment La Grande Vadrouille et La Soupe aux choux) battirent des records d’audience. Dans un livre [que je vous recommande, of course] j’expliquais à quel point les bonnes comédies nous sont nécessaires, et je citais La Grande Vadrouille.
Louis de Funès était un génie comique, à n’en pas douter. Il y eut très peu de vrais génies dans la grande histoire du cinéma et lui peut se hisser à la hauteur de Charles Chaplin par l’immensité de ses trouvailles et l’efficacité de son jeu. La Cinémathèque lui rend hommage à travers une exposition et c’est plus qu’un signe. Le temple du cinéma d’auteur s’ouvre aux films populaires et à son plus illustre représentant hexagonal.
Or donc, un nouveau livre vient de paraître.
Un de plus ?
Oui. Il faut reconnaître que cela commence à faire un peu beaucoup mais ce sont autant d’offrandes à un demi-dieu de l’humour. De plus celui-ci est signé par un spécialiste qui connaît son sujet — ce qui n’est pas le cas de tout le monde. En 2009, Bertrand Dicale avait déjà commis un Louis de Funès, grimaces et gloire chez Grasset. Il récidive avec ce Louis de Funès de A à Z chez Gründ.
L’idée est de décliner la carrière de Louis sous forme de dictionnaire. De A comme Ah ! à Z comme Zizanie. Cela rend la balade littéraire plus agréable. On peut baguenauder d’un film à l’autre, d’un concept à l’autre comme on marcherait entre les fleurs d’un riche jardin botanique.
Tout y est avec — heureusement ! — quelques trouvailles originales. Saviez-vous qu’au temps des vaches maigres, Louis fit du doublage ? Notamment de films italiens. Il fut la voix française du comique Toto, qui ne m’a jamais fait dire mais que nos voisins transalpins portent au pinacle. Ils ont bien vénéré Franco et Ciccio (la France n’a pas trop de conseils à donner sur ce plan puisqu’au même moment elle vénérait les Charlots).
En prime quelques rubriques sur la vie de Louis hors caméra (dont son service militaire !)
Bref, ce dictionnaire fait d’autant mieux le tour de l’œuvre funésienne qu’il se refuse toute analyse. Ici, on n’est pas au CNRS. Tous les mots sont à la portée du lecteur et toutes les explications ne sont pas envapées dans des volutes intellos.
Un copieux dictionnaire
Je suis de plus en plus favorable au concept de dictionnaire (cf. Le Dico Insolite des Tontons flingueurs). Cela permet de retrouver rapidement des informations, de replonger dans les anecdotes et le « comment ça s’est fait » après visionnage d’un film. Et comme celui-ci est copieux et richement illustré — comme le veut la formule — il répond à toutes les attentes.
Bertrand Dicale étant un monsieur pudique, il n’évoque pas la liaison entre Louis de Funès et l’animatrice Macha Béranger. Pas grave puisque d’autres le font. Dont moi. Et je précise que leur cocon était l’hôtel Intercontinental en face de l’opéra où Louis avait loué une chambre à l’année pour mieux tromper la vigilance (et pas seulement) de Jeanne-Augustine Barthélemy de Maupassant, son épouse.
Plongez-vous dans ce dictionnaire, revivez ou découvrez les grands moments de Louis de Funès et précipitez-vous sur votre magnétoscope pour y glisser la cassette VHS d’Oscar !
Merci Louis.
Philippe Durant
Bertrand Dicale, Louis de Funès de A à Z, Gründ, mars 2020, 384 pages, 29,95 eur