Luther, le fondateur de la Réforme

Une vie consacrée à l’étude de la Réforme luthérienne

Professeur à la faculté de théologie protestante de Strasbourg, Matthieu Arnold a déjà consacré nombre d’ouvrages à Martin Luther : il a publié notamment Les Femmes dans la correspondance de Luther (PUF, 1998) et La Correspondance de Luther. Étude historique, littéraire et théologique (Philipp von Zabern, 1996). Il profite ici du cinq centième anniversaire de la Réforme pour donner à un public français façonné par le catholicisme une biographie de Luther.

Et oui, avant Jean Calvin, théologien picard qui fut lui aussi un grand Réformateur, il y eut Luther, le diable incarné pour des générations de catholiques. Qui était-il réellement ?

 

Du moine au réformateur

Luther fut avant tout un moine dont personne ne put mettre en doute la vocation religieuse. Passionné de théologie, le frère Martin fut aussi de son temps, c’est-à-dire de la renaissance et bénéficia de la redécouverte de la Bible via l’étude du grec et de l’hébreu.

Contemporain d’Erasme, qu’il critiqua ensuite, Luther restait cependant avant tout un religieux. Choqué par le scandale des indulgences, brefs papaux vendus aux fidèles pour leur garantir le paradis, Luther attaqua l’Église et ses princes dans les années 1510. Il défendit un retour à la foi, la liberté de conscience du fidèle et remit en cause la messe et certains sacrements.

On a du mal de nos jours à se représenter ce que fut Luther ! Toute une civilisation tremblait sur ses bases, moines et nonnes se mariaient, etc. Luther fut pourtant aussi un homme d’ordre : il recommandait la paix civile, l’obéissance aux princes et ne soutint pas les révoltes paysannes.

 

Un intellectuel allemand

Son impact fut considérable en Allemagne puisqu’il traduisit la bible en langue vernaculaire, rédigea catéchismes, psaumes et cantiques. Il conseilla des princes comme Philippe de Hesse ou Frédéric III de Saxe. Il rencontra même Charles Quint à qui il tint tête en refusant de se rétracter.

Le lecteur contemporain ne pourra qu’être choqué par ses attaques contre les juifs, alors qu’il avait été plutôt enclin à les comprendre dans un premier temps : Matthieu Arnold explique bien les raisons de ce retournement qui fut récupéré ensuite par la propagande nazie. Voilà en tout cas une bonne biographie.

 

Sylvain Bonnet

 

Matthieu Arnold, Luther, Fayard, mars 2017, 692 pages, 25 euros

Laisser un commentaire