Mamie Luger, les règlements de comptes de Calamity Berthe

Du cinéma au roman policier

Autrefois réalisateur de cinéma (Lullaby en 2010, le dessin animé Mune en 2015), Benoit Philippon a ensuite signé Cabossé en 2016 chez Gallimard. Il s’agissait d’un polar rural où les personnages étaient marqués par les drames intervenus pendant leur enfance. Philippon a suivi Aurélien Masson, ancien patron de la Série noire, chez Les arènes et voici Mamie Luger, un roman qui promet beaucoup : une centenaire sérial killeuse !

 

La découverte d’une vie

Berthe est une centenaire qui accueille deux jeunes perdus un soir. Elle les abrite, les nourrit. Berthe, tout sauf bête, comprend qu’ils ont les flics aux trousses. Après leur départ, les condés débarquent et Berthe leur tire dessus. Elle finit par se rendre et se retrouve dans le bureau de l’inspecteur Ventura. Berthe lui raconte alors comment elle a descendu un nazi pendant la guerre, d’où le revolver Luger trouvé chez elle. A ce stade, Ventura comprend. Quand elle commence à lui raconter son histoire avec son premier mari, Lucien et comment elle a été amenée à le tuer, le flic commence à tiquer. Surtout qu’il y en a d’autres, les fouilles dans la cave le démontrent. Berthe, sacrée cachottière, débite son histoire tandis que les deux jeunes sont en cavale…

 

Ah les mamies… Trop attachantes !

Benoit Philippon prend ici beaucoup de plaisir à nous raconter l’histoire de Berthe, sur un ton iconoclaste qui rappelle certains films de Tarantino (le prophète du cinéma actuel). A travers son histoire, il y a clairement chez l’auteur la volonté de nous raconter l’histoire de la condition féminine en France au XXe siècle. Sans compter un portrait de femme très savoureux, manipulatrice aussi (le pauvre Ventura ne voit pas grand-chose venir) dont la séduction joue aussi sur le lecteur. Pauvres hommes, vous ne valez pas grand-chose face à une telle femme qui ne demandait qu’à être aimé ! Voici un roman qui répond involontairement à une mode, celle du mouvement « Metoo ».

Un roman très actuel donc et qui permettra aussi de passer un bon moment.

 

Sylvain Bonnet

Benoit Philippon, Mamie Luger, Les arènes, « Equinox », mai 2018, 450 pages, 16 euros

Laisser un commentaire