Le vestibule des lâches, faire face à ses démons

Un homme à la recherche de lui-même

Chaque année à l’Automne, les nuages s’installaient sur les sommets qui encerclaient la Vallée, la brume bouchait l’horizon et posait sur la région ce gris-vert huileux qui durerait tout l’hiver. C’était une vallée de montagne austère et rude ; l’été avait été bref, lumineux, apportant une chaleur et des couleurs qui coulaient dans les prairies et faisaient un moment illusion, mais à l’automne, la Vallée montrait son vrai visage : un paysage sévère, sombre, qui enfermait les gens dans une solitude redoutée et parfois recherchée.

Au village, personne ne sait au juste qui est Victor. Il vit là depuis deux ans, en reclus, travaillant chez lui. Personne ne sait qu’il est un rescapé des attentats de novembre 2015 où il a perdu sa femme et sa fille. Sa vie. Personne ne sait, sauf Josépha, une originale qui prend des photos magnifiques du coin et épouse de Charles, l’homme qui règne en potentat sur la Vallée. Un jour, Victor rentre chez lui et découvre son chien dans une mare de sang.  Il comprend alors que Charles l’a tué. Par jalousie car Victor et Josépha sont amants, alors qu’ils sont les exacts contraires l’un de l’autre. Une tragédie est en marche.

Un premier roman réussi

Le Vestibule des lâches constitue la première tentative de Manfred Kahn dans le roman policier. Il a choisi de nous donner ici un thriller psychologique doté d’une atmosphère qui s’apparente à celle d’un huis-clos (alors que l’histoire se déroule en montagne). C’est âpre, dur, parfois angoissant. La découverte progressive du passé de Victor et Josépha est très bien amenée.

Pour un premier essai, c’est réussi et on ne peut que recommander Le Vestibule des lâches de Manfred Kahn aux amateurs.

Sylvain Bonnet

Manfred Kahn, Le Vestibule des lâches, Rivages, mars 2022, 304 pages, 20 eur

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