Pacifique, Stéphanie Hochet dans la tête d’un kamikaze
Comment peut grandir un japonais qui se destine à être, pour la seule gloire de l’Empereur, une fleur de cerisier ? Avec Pacifique, Stéphanie Hochet entre dans la tête d’un jeune pilote au moment d’unir son destin personnel à celui du Japon.
La tradition samouraï
Le bushido, voie du guerrier, est le code des principes moraux des guerriers japonais. Il place le soldat au sommet de la pyramide sociale. C’est un lettré et un combattant, et il place l’honneur et la justice avant toute chose. Avant sa vie même, quitte à en finir avec la vie pour
Le jeune Kaneda a été élevé par sa grand-mère dans cette tradition. Il est isolé du monde pour s’immerger dans la culture traditionnelle. Bien que son précepteur l’ouvre à la culture occidentale classique (Cicéron, Shakespeare), c’est toujours le Japon traditionnel qui prime : Kendo, valeurs morales, Nô, valorisation des héros traditionnels, de l’Empereur et de la figure emblématique du samouraï.
On pense que la mort est la fin de tout, mais je sais qu’elle est le retour à une éternelle nature, je dois aller vers elle exempt de toute souillure. / Fleur de cerisier bordée de noir, ma fin glorieuse sera l’accomplissement de ma vie.
Sa vie pour une cible
Le destin de Kaneda est d’être l’homme-machine qui accomplira l’acte suprême de sacrifice pour la grandeur du Japon éternel. C’est à la première personne que le lecteur suit son évolution, ses atermoiements et la lutte intérieur entre la force de vie et l’exigence, entre sa propre pensée — qui parfois se trouble — et la destinée.
Il y a dans Pacifique une belle réflexion sur la valeur de la vie, notamment dans la dernière partie du roman qui, c’est certain, troublera. Mais apportera aussi une fin alternative ouverte pour le lecteur.
Pacifique est un roman maîtrisé et prenant, loin des archétypes caricaturaux Stéphanie Hochet atteint l’intime. D’une grande force.
Loïc Di Stefano
Stéphanie Hochet, Pacifique, Rivages, mars 2020, 142 pages, 16 eur