Mémoires, un polar complètement allumé

On connait ici Mark Haskell Smith, ancien scénariste de télévision passé au polar, pour ses romans A bras raccourci et Coup de vent, très réussis et plein d’une ironie mordante et salutaire, parus chez Gallmeister. Avec Mémoires, Smith passe sur un registre différent en voulant raconter… Comment il a été assassiné. Belle mise en abyme !

Assassiner quelqu’un n’est pas si facile

« Ce livre ne sera jamais écrit. Du moins, pas par moi. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : je suis aussi déçue que vous. Je mets toujours un point d’honneur à tenir parole, c’est pour ça que vous m’avez engagée. Sauf… que je suis incapable de mener ce projet à bien. Le simple fait d’avoir recours aux points de suspension prouve l’ampleur de mon échec. »

Une jeune journaliste sans le sou, dont le couple avec un type insignifiant nommé Len bat de l’aile, accepte un contrat pour écrire une biographie, celle de Mark Haskell Smith, écrivain inconnu aux États-Unis mais célèbre en Europe. Mais tout dérape : son petit ami est enlevé, et elle également. Ses ravisseurs (services secrets ?) sont au courant de son projet de biographie et veulent une chose : qu’elle tue Smith en l’empoisonnant. Ils lui promettent un contrat de série sur Netflix pour la motiver ! elle accepte et finit par décrocher un rendez-vous avec Smith au restaurant à Athènes (puisque notre auteur adore la Grèce). Mais voilà : comment tuer quelqu’un qu’on trouve sympathique ? Et pourquoi veulent-ils sa disparition ?

La pauvre n’est pas au bout de ses peines…

Un roman hilarant

Mark Haskell Smith a choisi d’écrire son assassinat… ou plutôt celle de son double littéraire (au passage, on croise son traducteur en personnage secondaire). Mise en abyme, pastiche de roman d’espionnage, critique de notre société via le regard de cette Bridget Jones un peu déjantée : Mémoires frappe fort et fait beaucoup rire (jaune parfois). Le regard de Smith sur notre époque est toujours décapant !

Sylvain Bonnet

Mark Haskell Smith, Mémoires, traduit de l’anglais par Julien Guérif, Gallmeister, juin 2024, 272 pages, 22 euros

Laisser un commentaire