Mars, notre passé et notre avenir : mirages martiens

Un spécialiste de la planète rouge

Directeur de recherche honoraire au centre de biophysique moléculaire du CNRS d’Orléans, André Brack a participé à de nombreux projets scientifiques concernant l’exploration spatiale. Il livre ici un essai assez stimulant, déjà publiée en 2019, sur la relation que nous entretenons avec la planète rouge et sur les possibilités d’un voyage habité. Ici, sa réflexion part d’une hypothèse très stimulante : et si la vie venait de Mars ? En effet, de nombreux scientifiques estiment plausibles que la Terre ait reçu il y trois milliards d’années de nombreuses météorites provenant de Mars elle-même. Et il est possible qu’elles aient été porteuses de bactéries, capables de résister au vide de l’espace et qui seraient arrivées ici. La Terre fécondée par Mars ?

La planète Mars fut-elle un monde plein de vie ?

Cela nous ramène au fond à une question fondamentale : la vie a-t-elle existé là-bas ? C’est ce que cherchent les robots envoyés par les scientifiques américains, européens, russes (il est judicieux de le rappeler) là-bas. Autant la présence d’eau est certaine dans le passé à la surface (et aujourd’hui quasi-sûre en sous-sol), autant pour le moment, rien n’a encore été découvert : pas de vie bactérienne par exemple (qu’il est loin le temps de Ray Bradbury et de ses héros de Chroniques martiennes). Cela ne veut pas dire que rien n’ait existé ou n’existe encore. Cela signifie par contre qu’il faudra peut-être y envoyer des hommes.

Un voyage long, périlleux et pour quel résultat ?

Un trajet aller-retour Terre-Mars pose pas mal de difficultés. Il faut six à huit mois pour y aller, huit mois pour le séjour, six à huit mois pour le retour. Soit de deux à trois ans. Or, nos astronautes auraient à survivre aux radiations de la ceinture de Van Allen, leurs os souffriraient de l’apesanteur, sans compter le ravitaillement et le séjour sur une planète foncièrement inhospitalière. Quant au grand sujet de la terraformation, un des dadas d’Elon Musk, elle reste du domaine de la science-fiction. Nous ferions mieux de soigner la planète bleue plutôt que de rêver de la planète rouge. Un bon essai.

Sylvain Bonnet

André Brack, Mars, notre passé et notre avenir, Alpha « sciences », Mars 2022, 176 pages, 7 euros

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